Dans Soy Libre, Laure Portier suit avec une caméra légère – qu’elle lui confie parfois – son jeune frère, déjà entrevu dans son précédent film, Dans l’œil du chien (2019), qui se postait dans la maison de sa grand-mère en fin de vie. De 2005 à 2021, elle a ainsi filmé Arnaud, son regard d’adolescent sur la cité où il a grandi dans une famille décomposée et mal aimante, son désir de tout quitter pour une vie moins étriquée et contrôlée, ses dessins, expression brute de ses émotions violentes, ou encore ses critiques sur la mise en scène du film qu’ils font ensemble.
Soy Libre n’est jamais aussi beau que lorsqu’il documente cet attachement profond qui se joue de part et d’autre de la caméra, et qui se manifeste surtout par des disputes parfois drôles, comme lorsque la réalisatrice provoque son frère en lui reprochant de ne pas savoir voler un scooter.
Tourné entre les Deux-Sèvres, l’Espagne et l’Amérique latine, le film est surtout constitué de grandes ellipses qui laissent deviner des épisodes plus graves et dramatiques que ce que le film révèle. De ces quinze années d’existence chaotique, la cinéaste garde comme gouvernail son affection pour son frère et le désir de ce dernier de vivre sans entrave, afin de rester fidèle à son envie : mettre en cinéma les gens qu’elle aime.
ACID, Quinzaine des réalisateurs : les sélections 2021
Soy Libre de Laure Portier, Les Alchimistes (1 h 18), sortie le 9 mars
Image : Copyright Perspective Films