Oscars 2024 : 5 moments de la cérémonie à retenir

Le retour en chanson de Ken/Ryan Gosling, Justine Triet oscarisée, Lily Gladstone consolée par Martin Scorsese… Retour sur ce qu’il ne fallait pas manquer de cette 96e édition.


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Oscars 2024 : le palmarès complet !

Ryan Gosling, Ken jusqu’au bout des gants

Quelque chose nous dit que l’acteur a du mal à quitter la peau de Ken, + 1 esseulé et en pleine crise de la masculinité de Barbie (Margot Robbie) dans la satire féministe de Greta Gerwig. Si le film n’a remporté qu’un seul des huit Oscars pour lesquels il était nommé (celui de la meilleure chanson originale pour What Was I Made For ? composée par Billie Eilish et Finneas O’Connell), l’acteur a électrisé la scène avec un show à la Broadway. Costard rose pailleté, chapeau en feutre, lunettes noires et gants fushia, mise en scène qui évoque Les Hommes préfèrent les blondes et son célèbre numéro avec Marilyn Monroe Diamonds Are a Girl’s Best Friend… L’acteur s’adonne à un irrésistible exercice d’auto-dérision. Le titre, réinterprété dans une version rock (on rappelle qu’en dehors du ciné, Ryan Gosling chante dans le groupe indie/rock Dead Man’s Bones, qu’il a cofondé), finira par emporter la foule en délire. Longue vie à Ken et à la masculinité déconstruite.

Justine Triet et Arthur Harari remportent l’Oscar du meilleur scénario original

« Cet Oscar va m’aider à traverser la crise la quarantaine ! » Avec son éternel sens de la formule, Justine Triet est fièrement venue chercher sa statuette en compagnie de son coscénariste et compagnon, Arthur Harari. Après une folle saison des prix (une Palme d’or, trois Golden Globes, et on en passe), le couple s’en rendu à Los Angeles en compagnie de toute la team frenchy. « Vous avez tué ce scénario une fois derrière la caméra », lance Justine Triet à son casting (Sandra Hüller, Swann Arlaud et Milo Machado-Graner), histoire de rester dans le thème de ce cluedo conjugal. Alors que résonne un remix de P.I.M.P. de 50 Cent, titre qui, comme une fatalité, entraîne la chute des personnages dans le film, on cherche Snoop, chien star du film.

Il est bien là, et applaudit de ses papattes. Jimmy Kimmel se permettra même une vanne borderline sur Gérard Depardieu grâce à lui : « Je n’avais pas vu un acteur français manger son vomi comme ça depuis Gérard Depardieu », faisant référence à une séquence tragique du film. Bonne nouvelle pour la route : il paraît que Steven Spielberg a commandé un scénario au tandem français.

Jonathan Glazer rend hommage à Gaza

Sous les yeux embués de larmes de son actrice principale Sandra Hüller, le réalisateur est venu chercher son trophée, celui du Meilleur film étranger, pour La Zone d, plongée virtuose dans le quotidien du commandant d’Auschwitz et de sa famille. Jonathan Glazer, dont le film manie subtilement le hors champs pour laisser l’horreur quotidienne à notre portée sans l’exhiber. Le cinéaste a tenu à rappeler que la guerre Israël-Hamas se tient en ce moment juste à côté de nous : « J’ai fait ce film non pas pour dire : « Regardez ce qu’ils ont fait, mais regardez ce que nous avons fait aujourd’hui. » C’est un film où la déshumanisation mène au pire. Aujourd’hui, nous nous tenons ici en tant qu’hommes qui réfutent que leur judéité et l’Holocauste soient détournés par une occupation qui a conduit à des conflits pour tant de personnes innocentes, qu’il s’agisse des victimes du 7 octobre ou de l’attaque en cours sur Gaza. Comment résister ? » Une prise de parole engagée et rare, bienvenue dans cette cérémonie plutôt apolitique.

Al Pacino annonce le prix du Meilleur film (et c’est bizarre)

« Je ne sais pas… Je dois… Être ou ne pas… » C’est sur une semi-allusion au To be or not to be de Shakespeare qu’Al Pacino débute son discours de remise de prix au Meilleur film. « Eh bien, c’est l’heure de… la dernière récompense de la soirée. Et c’est un honneur de le présenter. Meilleur film… euh, pour cela je dois prendre l’enveloppe. Et je le ferai. Ça vient. Et mes yeux voient Oppenheimer« . Lunaire, à contre-temps de la frénésie de cette cérémonie hyper calibrée, cette séquence avec Al Pacino (qui oublie au passage de lister tous les nommés) est savoureuse.

La performance incroyable des chanteurs tribaux Osage

Ils ont réveillé tout le monde avec Wahzhazhe, titre du film de Martin Scorsese, Killers of The Flower Moon, qui était en lice pour l’Oscar de la meilleure chanson originale. Les Osage Tribal Singers ont interprété ce titre puissant, qui résonne comme une ode à la liberté, dans un décor aux allures de soleil couchant. Wahzhazhe (A Song For My People) a été écrite par Scott George, lui-même membre de la nation Osage. Il est à la fois le premier autochtone nommé pour la meilleure chanson originale et le premier membre de la nation Osage à être nommé aux Oscars.

Rappelons que Killers of The Flower Moon raconte l’histoire oubliée de la riche tribu Osage victime d’une série de meurtres inexpliqués et ignorés par les autorités. Bonus : Martin Scorsese vu en train consoler Lily Gladstone à coup de gros câlin après que l’actrice a manqué le prix de la meilleure actrice (attribué à Emma Stone).