En mars dernier, Jean-Luc Godard annonçait sa retraite cinématographique, lors d’un entretien livré à l’occasion de la 25e édition du festival international du film de Kerala, en Inde. Mais pas sans avoir bouclé deux derniers projets : Scénario, qui sera diffusé sur Arte, et Funny Wars, dont on a aujourd’hui des nouvelles.
Lors d’un entretien accordé à Variety, son collaborateur Fabrice Aragno (directeur de la photographie sur Adieu au langage et Le Livre d) a précisé que Funny Wars serait enregistré en 16, 35mm noir et blanc et Super 8. Scenario sera tourné « dans un style vidéo classique, avec quelques images Super 8 ».
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Mais encore? On a toujours su que le réalisateur de 91 ans avait une prédilection pour les formats hybrides, les images retravaillées en post-production – tout cela ne nous dit pas si ces projets testamentaires lorgneront vers la narration classique ou l’expérimental.
Réponse de Fabrice Aragno, confident privilégié de JLG : « Jean-Luc m’a expliqué qu’il voulait revenir à ses origines. Il m’a dit : « Vous voyez le film de Chris Marker, La Jetée ? On peut peut-être faire quelque chose comme ça. » Si on le fait en 35mm, on aura une avance rapide, mais si on travaille sur ordinateur avec une image par seconde, on pourra entrer dans la matière du film, du grain, de la poussière, de la vérité, du réel.»
« Quand on travaille avec de la pellicule, il faut faire confiance aux gens, il faut faire confiance au laboratoire, il faut être en relation avec les autres. Vous faites des essais, vous avez une idée de comment ça va être, mais vous devez vous projeter dans ce que vous allez faire avec la pellicule », précise Fabrice Aragno. « En numérique, tu as juste un bouton et tu vois le résultat. Il ne s’agit pas de dire qu’avant c’était mieux, mais je sens que cette projection, ce mouvement me manque. Je pense que c’est la même chose pour Jean-Luc.»
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On penche donc plutôt pour deux projets façon old school, dont il est bien-sûr impossible de connaître les scénarios. En tout cas, Fabrice Aragno est loin de penser qu’il s’agira d’un chant d’adieu pour Jean-Luc Godard : « Aucun des deux films n’est conçu pour être son dernier (…) Si c’est son dernier film, il dira que c’est son dernier film, puis il y aura finalement un rebondissement. Tout le monde l’attendra et alors peut-être qu’il dira le contraire.» L’esprit de contradiction godardien, jusqu’au bout.
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