En 1974, le premier opus d’Emmanuelle de Just Jaeckin déchaînait les foules. L’histoire de cette jeune femme rejoignant son mari à Bangkok – ayant une demi-douzaine de relation hétéro et homosexuelles au passage – a tellement fasciné qu’elle est restée 10 ans à l’affiche de l’UGC des Champs-Elysées, avant de tomber dans l’oubli. En 2024, Audrey Diwan (L) compte bien la faire revivre sous un autre jour.
Dans une interview donnée à Deadline en février dernier, la réalisatrice avait annoncé vouloir créer une version plus actuelle de cette histoire. « Mon film se déroule donc de nos jours, Emmanuelle est une femme qui a presque mon âge. Je voulais explorer sa quête du plaisir, ce qu’elle représente quand on a déjà fait un chemin dans sa vie. Avec ma coscénariste Rebecca Zlotowski, nous avons imaginé une femme qui a du pouvoir, qui s’est battue pour s’en sortir, qui a escaladé sa montagne, qui s’est construit une armure aussi. Elle se sent seule. Mais comment sortir de la solitude ? »
Fini donc les petites amourettes et expériences d’une jeune femme d’une vingtaine d’année (scénario de la version originale) et place à une vision plus réfléchie (mais pas ennuyante pour autant) du désir. Pour incarner ce personnage, la réalisatrice a choisi Noémie Merlant, qui est au centre de la première image dévoilée du film.
Elle y est nue, à peine cachée par un drap, dans une suite d’un hôtel luxueux de Hong Kong (au lieu de Bangkok dans la version originale). Mais pas question de rêvasser en attendant son mari toute la journée : dans le scénario de Diwan et Zlotowski, Emmanuelle travaille dans cet hôtel, où elle peut faire la rencontre de nombreux clients en parcourant les couloirs. « J’aime l’idée de ces couloirs où mes personnages se frôlent, se rencontrent, se cherchent. Au-delà de la question des corps, je veux explorer celle d’un monde qui formate toute forme de relation. Je veux chercher comment on se connecte aux autres, comment on touche à sa propre vulnérabilité. «
Cet enchaînement de rencontres et d’étreintes se démarquera sans nul doute en évitant male gaze extrêmement pesant de la version de 1974. “J’ai voulu explorer le plaisir. J’aimerais lui redonner ses lettres de noblesse, j’aime filmer le corps en le regardant sans complaisance mais sans provocation. Et je veux embrasser une grammaire propre à la notion d’érotisme ”, a-t-elle expliqué à Deadline.
Ce film représente un grand tournant dans la carrière de la réalisatrice qui bénéficie pour la première fois d’une production internationale qui lui permet de composer un casting de tous horizons, qu’elle a fièrement présenté sur son compte Instagram. Côté français, à part Noémie Merlant, on retrouvera Anamaria Vartolomei (déjà tête d’affiche de L’Événement). Egalement de la partie : les Britanniques Naomi Watts et Jamie Campbell Bower (Stranger Things), ainsi que l’acteur hongkongais Anthony Wong (Internal affairs, A toute épreuve).
Naomi Watts posant avec Noémie Merlant sur le tournage du film / source : @naomiwatts
La sortie d’Emmanuelle est prévue pour 2024. À temps pour le festival de Cannes ?
