Malou Khebizi : « Ce personnage m’a libérée de mes propres tourments »

[Nos 25 de moins de 25, édition 2025] Dans « Diamant brut » d’Agathe Riedinger, elle compose une starlette des réseaux sociaux aussi fébrile qu’obstinée, prête à tout pour être aimée – quitte à se perdre dans le miroir aux alouettes de la télé-réalité. Portrait d’une jeune actrice surprenante de maturité, qui bouscule les clichés sur la féminité.


2024 11 13 JL 25 Mk2 Trois Couleurs32923 copie 2 scaled e1734433733372
Malou Khebizi © Julien Liénard pour TROISCOULEURS

Cils infinis tendus vers le ciel, ongles aiguisés comme des griffes, crinière blonde en toc : Liane, 19 ans, candidate à l’émission Miracle Island, porte sa féminité outrancière comme un costume de super-héroïne, un étendard brandi face à la morosité du monde. Pour l’incarner et trouver l’être vulnérable caché sous la carapace de bimbo, il fallait une actrice à la hauteur de son intensité.

À lire aussi : Diamant brut d’Agathe Riedinger : héroïne moderne

C’est Malou Khebizi, étudiante en communication le jour, serveuse la nuit, qu’Agathe Riedinger a recrutée grâce à un casting sauvage. Originaire des Bouches-du-Rhône, celle qui se définit comme un « mélange entre Clover des Totally Spies! pour le côté fleur bleue et Galatéa Bellugi dans Chien de la casse pour son répondant » a vécu ce tournage comme une épiphanie.

« Ce personnage m’a libérée de mes propres tourments, m’a fait gagner des années de vie en pointant une colère informulée », nous précise-t-elle. Avec Liane, Malou Khebizi partage une rage de vaincre, une conscience douloureuse du mépris de classe et du sexisme qui poussent les jeunes femmes de milieux populaires à travailler leur féminité pour exister.

« Le “pretty privilege” [concept selon lequel les personnes considérées comme belles bénéficient d’avantages, ndlr] est à la fois une force et une injustice. C’est cette injonction à la perfection, à la sexualisation dont parle Agathe Riedinger. »

L’actrice de 21 ans vient de doubler une série animée de Manon Tacconi, Garces, à propos de deux besties marseillaises. Et se verrait bien jouer chez Julia Ducournau et Greta Gerwig – histoire de continuer à faire trembler, avec un soupçon d’ambiguïté, les normes patriarcales.