EDITO · All of us Strangers. D’une force poétique indéniable, le titre original du nouveau film d’Andrew Haigh (devenu Sans jamais nous connaître pour sa sortie française) exprime quelque chose de la complexité de Paul Mescal : l’impression qu’il porte à la fois un mystère et qu’il nous est proche. Comme le monde entier, on a découvert ses yeux bleus, son air innocent et son corps d’athlète (il a fait du football gaélique dans sa jeunesse) depuis le fond de notre canapé, en confinement, en regardant la série qui l’a révélé.
Dans Normal People (2020), il campe un lycéen sportif et doux qui tombe amoureux d’une camarade introvertie, sombre et d’une intelligence folle (Daisy Edgar-Jones). En seulement douze épisodes (ravageurs), Paul Mescal dévoilait son talent d’acteur (il a étudié au Trinity College de Dublin), tout en sensibilité, mais aussi quelque chose qui peut-être le dépasse : son charisme, son aura, appelez-le comme vous voulez. Il a ensuite illuminé notre hiver en 2023 grâce à sa composition vertigineuse dans le rôle d’un père en proie au vague à l’âme lors de ses vacances en Turquie avec sa fille dans le déchirant Aftersun de Charlotte Wells. Un nouveau rôle impressionniste dans lequel il ne nous apparaît qu’à travers les souvenirs de l’héroïne, sombre et solaire comme un astre – et qui a valu à l’acteur sa première nomination aux Oscars.
Dans Sans jamais nous connaître (en salles le 14 février), son personnage séduit celui d’Andrew Scott, un scénariste esseulé, en une apparition irradiante, en venant s’arrimer tout bourré au chambranle de sa porte, dans un immeuble londonien dont ils semblent être les uniques résidents. En jouant les beaux taiseux torturés, mais la
plupart du temps dénués de malice, Paul Mescal dessine une nouvelle masculinité et semble le faire sans mauvais calcul. C’est que, en plus de toutes ses qualités, l’acteur irlandais de 28 ans paraît sincère, encore épargné par la mégalomanie et les manigances du star system. On verra ce qu’il en sera après la sortie en fin d’année de Gladiator 2, pour lequel il a décroché le premier rôle, celui du neveu de l’empereur Commode. Entre deux phases du tournage du péplum de Ridley Scott, on a eu l’occasion inespérée de foncer l’interviewer à Londres. Il nous est apparu comme dans ses rôles : charmant et chaleureux, mais aussi complexe et réfléchi. À la fois proche et lointain, comme un doux fantôme. TIMÉ ZOPPÉ
AU SOMMAIRE DU N°204
EN BREF 🏃♀️
LA SEXTAPE – LE NOM DE LA ROSE
FLASH-BACK – SOLARIS
RÈGLE DE TROIS – RUBEN ÖSTLUND
CINÉMA 🎬
EN COUVERTURE – SANS JAMAIS NOUS CONNAÎTRE
L’INTERVIEW TRANSMISSION – LINA SOUALEM
ENTRETIEN – BERTRAND BONELLO
CINEMASCOPE : LES SORTIES DU 31 JANVIER AU 6 MARS
CULTURE 🎨
SPECTACLES – LES NOUVEAUX CABARETS QUEER
SON – THE SMILE
+ UN CAHIER MK2 INSTITUT DE 10 PAGES EN FIN DE MAGAZINE
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