L’oeuvre de Jean Eustache va être restaurée et diffusée

Le producteur Charles Gillibert a annoncé que les films du réalisateur auraient enfin droit à une exploitation en salles et en DVD.


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En 2013, en hommage à, Arte réussissait à surmonter les difficultés liées à la diffusion de l’œuvre de Jean Eustache, en montrant La Maman et la putain (1973). L’événement avait un caractère exceptionnel. Introuvables en DVD, rarement montrés à la télévision, les films du cinéaste ont longtemps fait l’objet d’une rétention de la part de Boris Eustache, propriétaire des films de son père, qui, en tant qu’auteur ayant droit, en a longtemps bloqué les droits d’exploitation.

Jean Eustache par Luc Béraud, son assistant

LA MAMAN ET LA PUTAIN PROJETÉ EN FESTIVAL

Jusqu’à ce que Charles Gillibert, nouveau président des Films du Losange, trouve un accord avec l’héritier. Dans une interview accordée au Monde, le producteur a révélé que les films de Jean Eustache seraient enfin restaurés en format numérique 4K par sa société, « avec des chefs opérateurs ayant participé à leur tournage, comme Jacques Besse ou Caroline Champetier en lien avec le laboratoire italien L’Immagine ritrovata. »

Outre cette exhumation, chaque long-métrage fera l’objet d’une sortie en salle espacée, qui conduira à une rétrospective intégrale, ainsi que d’une édition DVD. « On commencera avec une avant-première de La Maman et la Putain, dans un grand festival, avant l’été », précise Charles Gillibert, grand amoureux de cette œuvre invisibilisée, dans laquelle Jean-Pierre Léaud interprète un jeune homme oisif, englué dans une passion triangulaire.

Électron libre de la Nouvelle Vague, avec qui il partageait un amour du texte et des codes narratifs éclatés tout en cultivant patiemment sa singularité – il était connu pour ne faire qu’une seule prise par plan -, Jean Eustache avait l’air de brouiller fiction et réel, en s’inspirant de ses déboires de jeunesse, comme dans Mes Petites amoureuses ou Le Père Noël a les yeux bleus. « Il faut l’extraire du dandysme sombre auquel il reste associé. C’est une fierté et une excitation immenses », conclut le producteur Charles Gillibert dans son interview au Monde. Voir Françoise Lebrun déclamer son déchirant monologue final sur grand écran va en secouer plus d’un.

(Ré)écouter Jean Eustache dans un document sonore rare