« Les Miens » de Roschdy Zem : (re)faire le lien

À l’opposé des personnages taiseux qui peuplent sa filmographie d’acteur, Roschdy Zem réalisateur livre un film lumineux, vivant et très personnel sur une fratrie qui, après le choc d’un accident, passe à l’inventaire.


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Roschdy Zem est présent sur tous les fronts depuis la rentrée. Et, coup du hasard, dans des films qui auscultent, chacun à leur façon mais avec une même modernité, les dynamiques intrafamiliales. Chez Rebecca Zlotowski, dans Les Enfants des autres, il est papa d’une petite fille et tombe amoureux d’une prof de français (Virginie Efira), sans savoir quelle place lui accorder. Chez Louis Garrel, dans L’Innocent, il est le beau-père dont on se méfie car il sort de prison, et qui doit prouver sa légitimité. Enfin dans Les Miens, qu’il réalise et dans lequel il joue Ryad, il est l’un des cinq membres d’une fratrie issue d’une famille d’origine marocaine, dont la réussite (il présente un talk-show populaire sur le foot) suscite autant la fierté qu’une certaine frustration chez ses frères et sa sœur, fusionnels et comme amputés par ses absences. C’est l’accident du sage et discret Moussa (génial Sami Bouajila), victime d’un traumatisme crânien après une soirée arrosée, qui libère quantité de non-dits…

Roschdy Zem : « Le plus grand défi, c’est de me dénuder – professionnellement évidemment »

Coécrit par Maïwenn, qui joue la compagne de Ryad et dont le cinéma s’inscrit dans cette veine intimiste, le film interroge le rôle que chacun joue dans le script familial, avec au centre de l’échiquier la relation complexe entre Moussa et Ryad. Il y a là-dessous un grand potentiel dramatique qui a pour pendant un gros risque d’épuisement, mais le récit nous laisse interpréter les mécanismes psy, socio ou historiques, en entourant cette thérapie de groupe d’humour et d’énergie fiévreuse.

Les scènes de repas sont les plus parlantes : on y bouffe allègrement, alors que les langues se délient. Il y a aussi cette façon de construire naturellement des ponts entre les générations, sans occulter les incompréhensions (par exemple devant les délires complotistes du fils de Moussa), ou encore de rendre hommage aux anciens (présents en arrière-fond) tout en écoutant la jeune génération. Quand Roschdy Zem se pose sur le divan, ça n’est définitivement pas chiant.

Les Miens de Roschdy Zem, Le Pacte (1 h 25), sortie le 23 novembre