The Living End (1992) de Gregg Araki
Dans The Living End (1992), troisième long de Gregg Araki, deux amants gays et séropos prennent la fuite après avoir tué un homophobe. Face à une crise du sida qui alimentait un climat terrifiant de LGBTQI-phobies, le cinéaste ne veut pas que ses personnages soient rassurants, ni qu’ils soient les modèles victimisés ou sans aspérités du cinéma mainstream. Il souhaite que ses héros soient romantiques et menaçants, en premier lieu contre la société hétéronormative.
Blue de Derek Jarman (1993, Grande-Bretagne)
Pendant 1h17, un écran bleu. La bande-son mêle des musiques méditatives et différentes voix off lyriques et solennelles (celle de Derek Jarman ou de son amie Tilda Swinton notamment) récitant des poèmes ou des extraits de journaux intimes du cinéaste. Dans ce film, sorti juste avant son décès des suites du sida, réalisé alors qu’il perdait la vue, le cinéaste britannique choisit le néant, l’abstraction pour représenter la maladie, comme s’il n’y avait pas d’image assez juste ni assez parlante pour la figurer.
Zero Patience de John Greyson (1995, Canada)
Dans cette comédie musicale très camp, un sexologue du XIXe siècle à la mentalité bien rétrograde est transporté au début des années 1990. Il prépare une exposition sur le patient zéro, un steward accusé à tort d’avoir introduit le sida en Amérique du Nord. Celui-ci revient d’entre les morts pour prouver qu’il n’est pas le coupable désigné par les institutions et les médias… Dans le droit fil de ses vidéos réalisées pour Act Up, John Greyson déconstruit les mythes nauséabonds sur le VIH/sida.
ZAP. Act Up-Paris, été 95 (1995) de Vincent Martonara
Ce documentaire suit, pendant quinze jours, le quotidien des militants d’Act Up Paris dans les locaux de l’association de lutte contre le sida, dans les réunions ou durant les « Zaps » (actions chocs et rapides conçues comme des happenings, pensées pour avoir un impact maximum afin de toucher les médias). Act Up est cinématographique en soi par son attitude radicale, synonyme de colère, d’affirmation, d’humour camp et de sensualité gay.
Jeanne et le garçon formidable (1997, France) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau
Pensée comme un hommage à Jacques Demy, cette comédie musicale met en scène le désarroi de Jeanne face à la disparition de son amant, mort du sida. Dans le cinéma français, Olivier Ducastel et Jacques Martineau ont été parmi les rares réalisateurs à filmer la lutte contre le virus du point de vue militant et communautaire. En faisant chanter leurs personnages, il se placent dans la tradition des prides où l’on danse pour donner plus d’écho à ses revendications.