Il arrive vers nous souriant, malicieux aussi, attirant notre attention sur son tee-shirt, sur lequel est inscrit le mot « démon ». Une subtile référence à son personnage d’assassin. Dans le film – son tout premier –, le contraste entre sa voix fluette, son visage d’enfant et l’atrocité de son geste est saisissant. En lui parlant, on se rend compte que l’acteur cultive son originalité pour en faire une force.
Né en Lettonie en 1997, puis adopté un an après par une famille rémoise, il a grandi en admirant des comédiens d’un autre temps : Jacqueline Maillan, Annie Girardot… Il nous en cite une bonne pelletée, avec un air émerveillé (et un sacré don d’imitation). Après une option théâtre au lycée, il a suivi des cours à l’école de théâtre parisienne L’Éponyme, où il a été repéré par le metteur en scène Jonathan Capdevielle qui l’a engagé pour À nous deux maintenant.
Du cabaret, du théâtre, du ciné, de l’opéra (avec Michel Fau), du transformisme… À 24 ans, Dimitri Doré expérimente tout (« il manque la télévision »), avec une gouaille et une extravagance vintage, rappelant les personnages d’Arletty. On a hâte de voir se déployer son talent protéiforme.
Bruno Reidal. Confession d’un meurtrier de Vincent Le Port, Capricci Films (1 h 41), sortie le 23 mars
Photographie : Julien Liénard pour TROISCOULEURS