À la sueur de son front, Ali remplit des bonbonnes d’essence dans des chantiers de construction vides de Sidi Bouzid, au centre de la Tunisie. Tout au long du film, sa noirceur, sa taciturnité sautent aux yeux. Quand on a Adam Bessa au téléphone – il vit à Marseille –, on devine au contraire son énergie solaire.
L’acteur, né près de Nice il y a trente et un ans, est monté à Paris pour suivre des études de droit, vite arrêtées. Puis, celui qui a grandi en admirant Al Pacino et Annie Girardot a poussé la porte de l’école de théâtre Périmony, dont il était le voisin. Les cours l’ennuient, mais il y découvre les textes de Stella Adler, célèbre prof d’art dramatique américaine, adepte de la méthode Stanislavski – l’idée que l’acteur utilise son histoire pour nourrir son jeu plaît à Adam Bessa.
Gonflé à bloc, il passe une série de castings peu concluants. Il est à deux doigts de lâcher. Jusqu’au film Les Bienheureux (2017) de Sofia Djama. Cette fois, on vient le chercher, et il décroche un petit rôle. De là, tout va très vite. Il atterrit sur des productions américaines musclées (Mosul de Matthew Michael Carnahan, 2020 ; Tyler Rake de Sam Hargrave, 2020). Puis chez le cinéaste égypto-américain Lotfy Nathan. « Le fait que le film raconte l’état de la Tunisie, dont ma famille est originaire, c’était très important pour moi », nous confie-t-il. Dans ce grand rôle suinte sa grande intensité. Ses prochains, il les imagine fous. Pour le moment, il prend une pause bien méritée. On espère qu’elle ne sera pas trop longue, car on a hâte de le retrouver.
Harka de Lotfy Nathan, Dulac (1 h 27), sortie le 1er novembre
Portrait : Mona Grid