« ‘Lorsque ma mère est morte, je ne savais pas grand-chose de l’histoire de ma famille. […] Je traînais derrière moi quelques bribes décousues […], mais tout cela était bien vague et me rebutait. Une photo réunissant cinq générations de femmes de la même lignée y était pour beaucoup. J’y entrevoyais une tragédie alors que d’autres s’émerveillaient du caractère exceptionnel de cette situation. Je détestais ce passé. Je lui en voulais sans le connaître.’
Ces lignes sont les premières d’un livre autobiographique de ma mère : La Plage de Trouville. J’aurais pu les écrire. Similitude fascinante et effrayante. Cette photo raconte une transmission qui ne se joue qu’entre femmes dans ma famille. Un matriarcat dissonant. L’homme est exclu, trop souvent abusif ou défaillant. Nos histoires se sont écrites de mère en fille : ma grand-mère a publié un livre sur sa propre mère, comme la mienne. Et mon désir de film autour d’elle s’est imposé comme une condamnation. Une “malédiction”.
« Cœurs vaillants » : la critique de Célestin, 8 ans
Ma mère s’est suicidée sans laisser de mot mais une vingtaine de caisses pleines de correspondances, de carnets, et des milliers de photos. Dont celle-ci. Une énigme à résoudre. J’ai enquêté sur ma lignée. J’ai vu des femmes libres mais soumises. Puissantes mais dévastées. Je me sais l’héritière traumatisée mais heureuse de ces contradictions. J’ai voulu explorer leurs ambivalences pour ne pas reproduire le pire, mais transmettre à mes enfants le meilleur de cet héritage indissociable de ses contradictions : leur quête de liberté. »
Little Girl Blue de Mona Achache, Tandem (1 h 35), sortie le 15 novembre