La trilogie de Ti West, et plus particulièrement ce dernier volet, est une variation horrifique fine et politique sur la sexualité, la question du désir et la soif de reconnaissance. Maxine se bat pour l’autonomie et le respect dans un monde faussement enchanté, en réalité d’une brutalité absolue. Le film s’ouvre sur une rétroprojection en noir et blanc. On y aperçoit Maxine petite fille, qui danse pour son papa, sous une banderole à l’effigie de Jésus.
Puis, sur fond noir, une citation de Bette Davis annonce brutalement le programme de ce troisième volet : « In this business, until you’re known as a monster, you’re not a star. » Une brèche de lumière s’ouvre alors sur l’écran noir dans un fracas métallique, c’est la porte d’un studio hollywoodien. Dans le cadre apparaît Maxine. Il ne reste plus rien de la petite fille sage. Elle est sexy en diable, déterminée, une final girl féroce qui a bien l’intention de tordre le bras au destin. L’audition commence…
LA SEXTAPE · « X » de Ti West, jouir pour ne pas mourir
Elle est sexy en diable, déterminée, une final girl féroce qui a bien l’intention de tordre le bras au destin. L’audition commence… Elle ne cache pas avoir fait du porn, connaît ses lignes sur le bout des ongles, pleure sur commande, et montre ses seins avec désinvolture. L’actrice et le personnage se confondent à cet instant, car ce troisième volet est leur consécration à toutes les deux. Force est de constater que les récits féministes se plaisent dans le genre en ce moment (Titane, Love Lies Bleeding, The Substance). Sous leur vernis vintage et leur humour badass, ces films mettent en scène des héroïnes qui se vengent dans une effusion d’hémoglobine et de body horror décomplexée.
La performance de Mia Goth est au zénith de l’évolution de l’archétype de la Scream girl. Elle ne se contente plus d’être pourchassée tout le film avant d’être sacrifiée sous les applaudissements du public, elle pourchasse à son tour et devient elle-même « un monstre » sous ses bouclettes blondes. Dans la lignée de la queen des Scream queens, Jamie Lee Curtis, les Scream girls apparaissent aujourd’hui comme des survivantes déterminées. Mia Goth incarne parfaitement la Scream queen moderne, dont le cri n’est plus seulement un cri de terreur ou de jouissance, mais un cri de ralliement et de liberté arrachée avec les ongles.
MaXXXine de Ti West, Condor (1 h 41), sortie le 31 juillet
Image : © Starmaker Studios LLC
