« Irma Vep » d’Olivier Assayas : la série qui vampirise le cinéma

Transposition virtuose et joyeuse de son long métrage de 1996 en série, le nouvel Irma Vep d’Olivier Assayas ose un état des lieux drôle et pertinent de la petite fabrique contemporaine des récits.


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Réalisateur rock qui n’a cessé depuis les années 1990 de bousculer le sacro-saint cinéma français en le mélangeant à tous les genres et à toutes les langues, Olivier Assayas a toujours cherché dans ses films quelque chose de l’ère du temps. Son nouvel Irma Vep confirme qu’il est bien le grand cinéaste du contemporain, du flou du monde tel qu’on ne le comprend plus tellement.

Un film façon série, une série façon film, un remake, une suite, on ne sait plus très bien et tant mieux, nous explique le réalisateur tout le long de ces huit épisodes malins et joueurs qui zigzaguent avec brio entre les personnages, les époques et les histoires. Si, en 1996, cette histoire d’actrice étrangère (l’extraordinaire Maggie Cheung) qui se perdait sur le tournage chaotique d’un remake parisien des Vampires de Louis Feuillade semblait solder les comptes de la Nouvelle Vague, le retour d’Irma Vep en 2022 fait le portrait d’une industrie dominée par le blockbuster roi, le règne des séries, l’hyperprésence des écrans dans nos vies et le devenir tout image du monde, tout ça avec un mélange d’humour ravageur et de mélancolie délicate.

Libre et joueur, Assayas filme Alicia Vikander paumée entre la promo d’un film à gros budget, un chagrin d’amour tenace et le tournage en France d’un remake des Vampires, film en dix épisodes des années 1910, par un réalisateur génial mais complètement névrosé (du grand Vincent Macaigne, tout en imitation tordante d’Assayas).

Comme dans son film original, il tire ce canevas vers une forme très contemporaine où les films dans les films se répondent, les images se mélangent (sublime idée de faire dialoguer le cinéma des débuts de Feuillade avec l’esthétique HBO, qui coproduit la série), la fiction et le réel s’épousent et le temps n’existe plus. Une célébration passionnante et jamais dogmatique du pouvoir inépuisable qu’auront toujours les histoires sur nous.

: à partir du 7 juin sur OCS