« Golda Maria » : une vie

Ce documentaire donne la parole à une femme du siècle, née en 1910, mère, épouse, immigrée et survivante des camps de la mort. Au fil de son témoignage intime, une certaine histoire de l’Europe se (ré)incarne dans toute sa vivacité. Bouleversant.


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En 1994, le producteur Patrick Sobelman s’entretient longuement avec sa grand-mère Golda Maria, afin qu’elle lui raconte sa vie d’exilée polonaise en Allemagne puis en France, en pleine Seconde Guerre mondiale. Il l’immortalise, à la manière des témoignages filmés par Claude Lanzmann, dans ce qui est d’abord destiné au seul cercle familial.

Vingt-cinq ans plus tard, Patrick condense ces images et, avec son fils Hugo, en fait un film de cinéma. Grand bien leur en a pris, puisqu’il suffit ici d’une femme assise face caméra pour que jaillisse sans prévenir une mémoire universelle, cristallisée par un destin hors du commun, de l’immigration d’est en ouest jusqu’aux confins de l’enfer des camps.

Confiante, Maria se raconte à mesure que les souvenirs la submergent. Très personnels, ils transcendent l’histoire de son point de vue de femme juive ; les détails parfois infimes qu’elle en tire n’en sont que plus fascinants, précisément parce qu’ils ont échappé aux récits officiels. À tel point que les images d’archive en deviennent presque anecdotiques. Les cinéastes ont compris que les yeux et les mains de Maria sont, à eux seuls, un livre ouvert sur un continent, historique et émotionnel, d’une puissance rarement égalée.

Golda Maria de Patrick et Hugo Sobelman, Ad Vitam (1 h 55), sortie le 9 février

Image (c) Ad Vitam