Jean-Luc Godard a choisi de partir en 2022 (il a eu recours au suicide assisté) et, plutôt que de nous léguer un film bien bouclé, il nous a laissés sur un film en chantier. Sa forme, qui ressemble à un cahier d’écolier ou à un moodboard que Godard aurait biffé, déchiré ou peinturluré, a ceci de foisonnant que chaque spectateur peut faire son propre montage, libre et rêveur. Avec ce court métrage kaléidoscopique entre Georges Bataille, Simone Weil, la Palestine, la langue russe, ou encore le film Notre musique de JLG, à nous de choisir et d’ouvrir les portes. Puis, grande émotion, la voix chevrotante de Godard se fait entendre. Il retrace alors l’origine de ce projet, l’invitation que lui a faite la maison Saint Laurent qui produit le film, et sa découverte d’un livre oublié, Faux Passeports de Charles Plisnier, prix Goncourt 1937. Godard dit qu’il aimerait partir de l’un de ses personnages, une activiste trotskiste exclue du parti communiste. On pressent que le cinéaste voyait peut-être en elle le moyen de s’adresser à la jeunesse militante d’aujourd’hui. Mais ce n’est qu’une des multiples pistes proposées par ce film, dont la beauté réside en ce qu’on ne finira jamais de le fantasmer.
Film-annonce du film qui n’existera jamais. « Drôles de guerres » de Jean-Luc Godard, BlueBird (20 min), sortie le 8 mai
Image : © Saint Laurent