Festival de Cannes 2023 : records, surprises et habitués, on fait le récap’

Avec Chiara Mastroianni comme maîtresse de cérémonie, la 76e édition du Festival se déroulera du 16 au 27 mai prochain. Après l’annonce, ce jeudi, des films présentés en Sélection officielle, petit retour sur ce que nous réserve ce cru, balancé entre nouveautés défricheuses et valeurs sûres.


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Cet article sera régulièrement actualisé.

LA SÉLECTION OFFICIELLE EN GRANDE PARTIE ANNONCÉE

« Une sélection renouvelée, ponctuée de grands auteurs.» Thierry Frémaux, délégué général du festival, et Iris Knobloch, nouvelle présidente du festival, donnaient hier le ton de cette 76e édition, placée à la fois sous le signe de la cohérence et de longévité (13 réalisateurs.rices cités ont déjà figuré en compet’ officielle, dont 4 heureux détenteurs d’une Palme d’or, on y reviendra), mais aussi de la découverte (une deuxième facette de la compet’, tournée vers des visages plus neufs). Sans plus attendre, voilà le récap’ des candidats à la Palme d’or, et des autres sélection officielles. Attention : cette liste sera rallongée dans les jours qui viennent.

Festival de Cannes 2023 : la liste des films en Sélection officielle

COCORICO

Notre palmomètre nous dit que la France aura pas mal de concurrence internationale cette année. Elle est présente (pour l’instant) 3 fois en compet’ officielle. On y retrouve Justine Triet, Catherine Breillat et Tran Anh Hùng. Elle reste malgré tout présente dans les sélections plus confidentielles.

En Séance de minuit, on se réjouit de retrouver Just Philippot, qui nous avait subjugué en 2020 avec La Nuée, film de genre et thriller agricole de haute tenue dans lequel un nuage de sauterelles tueuses menaçait une éleveuse en plein burn-out. Il reviendra avec Acide, prolongation d’un de ses propres courts sur une catastrophe climatique avec Laetitia Dosch et Guillaume Canet.

Autre film made in France qu’on a hâte de découvrir à Cannes Première : Le Temps d’aimer de Katell Quillévéré, avec Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste.

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A Un Certain Regard, on surveille de près trois projets français hyper alléchants : Rien à perdre de Delphine Deloget, premier long avec Virgine Efira; Rosalie de Stéphanie Di Giusto, sur la première femme à barbe célèbre du XIXe siècle; et – le meilleur pour la fin – le nouveau film de Thomas Cailley, brillant réalisateur des Combattants, de retour avec un film catastrophe porté par Romain Duris, Adèle Exarchopoulos et Paul Kircher.

LES RECORDS (WO)MEN

Du côté des records : Benoît Magimel, sidérant dans Pacifiction d’Albert Serra présenté l’an dernier en compet’, sera présent dans 3 films : Omar la fraise d’Elias Belkedaar (aux côtés de Reda Kateb), La Passion de Dodin Bouffant de Tran Anh Hùng (aux côtés de Juliette Binoche) et Rosalie (aux côtés de Nadia Tereszkiewicz et Benjamin Biolay). Après la déflagration Pacifiction, dans lequel il jouait un Haut-Commissaire de la République en Polynésie française, on a très envie de voir ses nouvelles prouesses.

Mais cette année, c’est clairement l’Italie qui a le vent en poupe. Après Tre Piani, Nanni Moretti est de retour en compétition pour une 2ème année consécutive, avec Il sol dell’avvenire. Sans oublier son compatriote, Marco Bellocchio, qui enchaîne, après sa série Esterno notte projeté en séance spéciale en 2022, avec le film Rapito, en compet’. Enfin, (Grand Prix pour Les Merveilles en 2014) complète ce trio italien puisqu’elle viendra présenter La Chimère, avec Isabella Rossellini, Carol Duarte et Josh O’Connor.

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Pourquoi se contenter d’une seule sélection quand on peut on doubler ses chances de remporter un prix ? Cette année, 2 cinéastes réalisent un doublon, pour deux projets différents. D’abord le cinéaste allemand Wim Wenders, avec Perfect Days (en compet’) et Le Bruit du temps (en Séance spéciale), puis le Chinois Wang Bing, avec Jeunesse (en compet’) et Man in Black (en Séance spéciale).

Il n’y a « pas de date de péremption » pour les œuvres d’art, a rappelé Thierry Frémaux. Ce qui explique sans doute le retour d’habitués, déjà palmés : Ken Loach (2 fois !) pour Le Vent se lève et Moi, Daniel Blake, Nanni Moretti pour La Chambre du fils, Nuri Bilge Ceylan pour Winter Sleep et Hirokazu Kore-Eda pour Une affaire de famille.

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LES FEMMES PLUS PRESENTES

Un pari sur des valeurs sûres (on pense à Aki Kaurismaki, mais aussi Pedro Almodóvar et Martin Scorsese) nuancé par la présence, plus affirmée que d’ordinaire, de réalisatrices. Comme le note le collectif 50/50, qui lutte pour l’égalité et l’inclusion dans le cinéma français, « cette année marque une hausse de la présence des réalisatrices en compet’ officielle, à 32% », là où la moyenne tourne, depuis 10 ans, autour des 13%. Sur 19 films, 6 sont réalisés par des femmes, ce qui reste largement insuffisant malgré un progrès significatif.

Voici donc les titres de films et noms de réalisatrices qui se cachent derrière ce pourcentage en hausse : Club Zero de Jessica Hausner, Anatomie d’une chute de Justine Triet, La Chimère d’Alice Rohrwacher, L’Eté dernier de Catherine Breillat, Les Filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania et Banel et Hadama de Ramata-Toulaye Sy.

Cette dernière, jeune cinéaste française d’origine sénégalaise fraîchement diplômée de la FEMIS en 2015, déjà à l’origine du court-métrage Astel, est la seule à présenter son premier film en compet’ officielle – l’histoire d’un couple fusionnel mis à rude épreuve par les conventions de leur communauté sénégalaise. Le collectif note d’ailleurs la corrélation entre cette hausse de la représentativité féminine et le rajeunissement de la compet’ : 65, c’est l’âge moyen des réalisateurs briguant la Palme, contre 48 ans pour les réalisatrices.

LES PETITS NOUVEAUX

Outre Ramata-Toulaye Sy, on retrouve aussi de nouvelles têtes du côté de la section Un certain regard, destinée à faire émerger de nouveaux auteurs et autrices. 5 premiers longs métrages seront présentés, notamment If Only I Could Hibernate de Zoljargal Purevgash, qui marque pour la première fois l’entrée d’une réalisatrice venue de Mongolie. Le film raconte l’histoire d’un adolescent vivant dans une yourte, et de sa passion pour la physique, qui lui fait espérer un avenir meilleur.

Iris Knobloch, ancienne présidente de la Warner Bros en France, succède à Pierre Lescure à la présidence. Lors de l’annonce de la sélection officielle, cette dernière a affirmé que « rien ne peut remplacer l’événement qu’est la sortie en salle d’un film », avant de botter en touche avec un trait d’esprit qui laisse présager une ère de changement pour le Festival de Cannes : « On pourrait dire « back to the basics », je dirais plutôt « retour vers le futur « ».

Pierre Lescure : « On veut une 75e édition qui ne soit pas une célébration du passé »

LAST MINUTE

Et si Thierry Frémaux avait gardé le meilleur pour la fin ? Cette compet’ resserrée laisse présager des ajouts de dernière minute plutôt fous. Si l’on sait déjà que Killers of The Flower Moon de Martin Scorsese sera bien projeté, on attend de savoir s’il rejoindra finalement sur les bancs de la compétition, comme l’a suggéré Thierry Frémaux lors de la conférence de presse.

Parmi les sérieux candidats que l’on espère voir rejoindre la course, il y a bien sûr L’Amour et les Forêts de Valérie Donzelli, romance coécrite avec , L’Île rouge de Robin Campillo, qui raconte les dernières illusions du colonialisme à travers les yeux de militaires à Madagascar, mais aussi La Bête de Bertrand Bonello, ou encore Poor Things de Yorgos Lanthimos.

Rendez-vous lundi 17 avril pour découvrir la sélection de la 62ème Semaine de la Critique dévoilée par Ava Cahen, et mardi 18 avril pour celle de la Quinzaine des Cinéastes.

Valérie Donzelli : « La claque, c’est de la comédie en soi »

LE FESTIVAL EN IMAGES

Parce que rien ne vaut quelques images en guise de teaser – et en attendant la giga bande-annonce des films en compet’ diffusée tous les ans lors de la cérémonie d’ouverture -, petite sélection des premiers visuels du festival.

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Le Passion de Dodin Bouffant de Tran Anh Hung, en compétition

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Club Zéro de Jessica Hausner, en compétition

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Le Temps D’Aimer de Katell Quillévéré, Cannes Première

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Rosalie de Stéphanie Di Giusto, Un Certain Regard

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Simple comme Sylvain de Monia Chokri, Un Certain Regard

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Le Règne Animal de Thomas Cailley, film d’ouverture Un Certain Regard

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Omar la fraise d’Elias Belkeddar, séance de minuit

Image d’ouverture : Les Herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan (c) Memento Distribution