Hirokazu Kore-eda pour Une Affaire de famille (2018)
En 2018, le cinéaste japonais (lauréat du Prix du Jury en 2013 pour Tel père, tel fils) signait une chronique sociale sans mièvrerie sur une fratrie pauvre de Tokyo, qui recueillait une enfant battue. Elégance formelle, vision subversive et affranchie des rapports familiaux, état des lieux d’une classe ouvrière précarisée : il n’en fallait pas moins pour séduire le jury, présidé cette année-là par Cate Blanchett. Kore-eda est de nouveau dans la course à la Palme avec Baby, Box, Broker, dont le pitch laisse entrevoir une nouvelle variation sur la filiation et ses tumultes : « Des boîtes sont mises à la disposition de parents souhaitant abandonner en toute discrétion leurs bébés. »
« Une affaire de famille » de Hirokazu Kore-eda : tendre tribuFestival de Cannes 2022 : la liste des films sélectionnés en compétition
Cristian Mungiu pour 4 mois, 3 semaines et 2 jours (2007)
Cristian Mungiu peut se targuer d’avoir remporté le Saint Graal face à David Fincher, Gus Van Sant et James Gray, qui présentaient leurs films respectifs lors de la 60e édition du Festival en même temps que lui. Rien que ça. Avec 4 mois, 3 semaines et 2 jours, le cinéaste roumain regardait droit dans les yeux les dernières heures du régime communiste de Ceausescu, à travers l’avortement clandestin d’une jeune femme. Un cinéma en forme de résistance contre la dictature, que devrait prolonger ce R.M.N, annoncé comme une réflexion sur l’histoire de la Roumanie à travers la rencontre de ses communautés roumaines, hongroises, et moldaves.
Cristian Mungiu, l’enfer du père
Ruben Östlund pour The Square (2017)
Du sarcasme, de la satire, du malaise : voilà ce que Ruben Östlund apporte à chacun de ses passages cannois. Le dernière fois, ce cocktail sulfureux lui a valu de remporter la Palme d’or pour The Square, dans lequel il dézinguait l’hypocrisie du monde de l’art et ses mises en scènes mortifiantes. Avec Triangle of Sadness, qui raconte l’histoire de deux mannequins à l’approche du crépuscule de leur carrière, le réalisateur risque de bien secouer Cannes, et qui dit, peut-être, de faire un doublon gagnant.
« The Square » de Ruben Östlund
Les frères Dardenne pour Rosetta (1999) et L’Enfant (2005)
Détenteur d’un doublé (avec entre autres Francis Ford Coppola, Emir Kusturica, Michael Haneke et Ken Loach), les frères belges pourraient entrer dans le Guinness des Records en empochant une troisième fois la récompense. Tout comme Rosetta et L’Enfant, qui auscultaient avec aridité le désespoir d’une jeunesse prise en étau entre marché du travail précaire et l’injonction à grandir dans un monde qui les broie, Torika et Lokita poursuivra dans cette veine sociale en racontant l’histoire de deux migrants se battant pour conserver leur amitié face à l’épreuve de leur exil, en Belgique.
Les frères Dardenne en guerre contre la précarité dans « Deux jours, une nuit »
Image : Une Affaire de famille Copyright Le Pacte