Les figures géantes et hyperréalistes de cet artiste américain, né en 1953 à Chicago, ont surgi au mitan des années 1980 dans un paysage de l’art en plein bouleversement esthétique, célébrant le retour au réel après une décennie de conceptualisme austère. Après avoir tâté du body art et du minimalisme, non sans une certaine dose d’humour et de second degré, Charles Ray incorpore peu à peu des motifs figuratifs et des objets du quotidien dans ses œuvres abstraites.
EXPO : « Corps nouveaux » au Centre d’art contemporain d’Alfortville
Fasciné par le moulage des corps, à commencer par le sien, il trouve bientôt dans la sculpture l’opportunité de tendre un miroir à ses contemporains, tel un Auguste Rodin des temps modernes qui se serait attelé à une satire de la société de consommation. Ses dernières répliques XXL d’hommes et de femmes, en tenue d’Ève ou sur leur trente et un, figées dans des postures faussement anodines, semblent embaumées dans du chrome.
Leur présence frappe au premier abord par leur disproportion, faisant subitement douter de la réalité qui nous entoure. Dressées devant nous à la façon d’idoles antiques, elles perturbent d’emblée notre perception et nous subordonnent à leur attitude, simultanément banale et inquiétante. Une ultime trace de notre civilisation laissée aux peuplades futures ?
du 16 février au 6 juin à la Bourse de Commerce – Pinault Collection et du 16 février au 20 juin au Centre Pompidou