Un fauteuil, un psy, des patients venus guérir des maux enfouis. Avec En Thérapie, adaptation de la série israélienne BeTipul d’Hagai Levi, Olivier Nakache et Eric Toledano (Intouchables, ) ont prouvé que la psychanalyse pouvait être un sport de combat, un catch de ring où la parole remplace l’action. Cinq ans après les événements de la première saison, qui prenait pour toile de fond les attentats du 13 novembre 2015, la série convoque de nouveaux patients, cette fois-ci écorchés par la pandémie et le confinement.
Alors qu’il vient de troquer son cabinet parisien pour un pavillon du Pré-Saint-Gervais, le docteur Philippe Dayan (Frédéric Pierrot), tout juste divorcé, doit faire face au procès que lui intente la famille d’Adel Chibane, policier mort au combat en Syrie. En parallèle se déplient les histoires de cinq patients, qui semblent tous faire écho à la culpabilité sourde du thérapeute – Lydia (Suzanne Lindon), une étudiante atteinte d’un cancer refusant de se soigner, Alain (Jacques Weber), chef d’entreprise rongé par le suicide d’une employée, ou encore Inès (Eye Haïdara), avocate que Dayan a déjà poussé à faire un choix crucial dans le passé…
A travers eux, Philippe Dayan est confronté à l’ambivalence de son travail thérapeutique : sa responsabilité s’arrête-t-elle à la porte de son cabinet ? Jusqu’où l’empathie et la protection sont-elles nécessaires ? A quel point se fantasme-t-il lui-même comme un sauveur ?
La force de la série est de ne jamais aborder ce dilemme éthique sous un angle théorique, littéral, mais de nous le faire éprouver, au détour d’un mot ou d’un acte (manqué) du psy incarné par Frédéric Pierrot, à la fois grave et fragilisé. Comme dans sa saison précédente, En thérapie brille grâce à l’efficacité de ses dialogues – par la force de leurs récits, les patients deviennent les conteurs d’une histoire intime transformée en matériau universel.
Supervisée par Clémence Madeleine-Perdrillat, l’équipe de scénaristes explore avec éloquence la sinuosité du langage, ses bienfaits comme ses revers douloureux. Ici, en une fraction de seconde, la parole se délie puis se rétracte, s’apaise puis retombe dans des abymes de souffrance.
Sous l’homogénéité de la mise en scène – un dispositif de champ contre/champ contraignant, une fixité des plans et un découpage très classique –, on se plaît à déceler des nuances propres à chaque réalisateur. Chez Arnaud Desplechin, c’est une caméra fébrile et tremblotante apte à saisir l’inquiétude d’un personnage en gros plan ; chez Agnès Jaoui, l’amplitude d’un travelling qui donne le sentiment de briser les murs d’un cabinet aux secrets trop lourds. Autant de touches personnelles qui donnent à ce huis clos un supplément d’âme délicat.
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