À 12 ans, Tinja porte sur ses frêles épaules le poids des ambitions de sa mère, qui veut en faire une grande gymnaste. Dans une maison aux papiers peints pâles et fleuris entourée d’un grand jardin, ils sont quatre : un papa, une maman, donc, et deux enfants – Tinja a un petit frère qui ressemble comme deux gouttes d’eau à son père. Rien ne pourrait a priori troubler ce parfait tableau.
Mais une nuit, alors que Tinja découvre près de sa fenêtre un œuf très étrange, elle décide de le cacher et de le couver. Au moment de l’éclosion apparaît une étrange créature… Bardé de références cinéphiles (L’Exorciste de William Friedkin ou, de façon peut-être moins évidente, le Shining de Kubrick), Egō joue habilement avec nos nerfs, distillant des jump scare inattendus et ajoutant en fond sonore une ritournelle enfantine glaçante – il réactive aussi, au passage, le mythe du doppelgänger.
C’est la relation trouble et malsaine entre parent et enfant qui sert de moteur à ce récit torturé : incarnation contemporaine de la mère bigote du Carrie de Brian de Palma, celle de Tinja est obsédée par l’image qu’elle et sa famille renvoient aux autres. Empoignant quotidiennement sa perche à selfie, elle met tous les jours en scène sur son blog leur vie faussement idyllique. Cheveux blonds ultra lissés, sourire impeccable mais figé…
Il suffit de gratter un peu le vernis, d’observer un peu plus longuement son attitude et son apparence – notamment ses ongles longs, qui évoquent les griffes d’un oiseau – pour trouver chez cette matriarche que personne n’ose défier ou décevoir une grande noirceur, véritable tempête derrière le calme. Dans la lignée du nouveau cinéma d’horreur (Ari Aster, Jordan Peele…), le film d’Hanna Bergholm s’empare avec brio de nos failles pour mieux nous questionner.
Dates et horaires des séances au mk2 Bibliothèque :
Mercredi 9 février à 20h00
Jeudi 10 février à 20h
Vendredi 11 février à 20h
Mardi 15 février à 20h
Images (c) The Jokers