David Cronenberg met en scène sa propre sa mort dans un court-métrage inédit un peu creepy

Freud aurait sûrement beaucoup à dire sur ce film morbide mais étrangement touchant.


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Certains ont besoin de dix ans de thérapie pour conjurer leur peur de la mort, d’autres préfèrent utiliser les moyens cathartiques de l’art pour y parvenir – c’est moins couteux, et ça rapporte parfois la gloire. David Cronenberg, avec sa filmographie organique, dans laquelle les maux de l’esprit se traduisent souvent par des sévices corporels, est de ceux-là.

David Cronenberg : « La mentalité des studios hollywoodiens est incestueuse »

Histoire de tromper la Grande Faucheuse, ou de l’invoquer, c’est au choix, le cinéaste a réalisé un court-métrage d’une minute, dont le programme est tout entier contenu dans son titre : The Death of David Cronenberg. Nul expérimentation technologique ou visions gores ici, mais plutôt une sobriété qui fait froid dans le dos.

Immobile en robe de chambre, le visage impassible, le cinéaste se trouve dans une chambre blanche semblable à un linceul, dont le toit triangulaire évoque une église. Dans un lit se trouve son propre cadavre, qu’il enlace comme si c’était une simple poupée gonflable ou un doudou d’enfance. Le film, réalisé en collaboration avec sa fille Caitlin, a été mis aux enchères sur le site SuperRare, où il est également visible en intégralité.

Dédoublement de soi, désacralisation des rites mortuaires, mise en scène programmée de sa propre mort pour la mettre à distance… Docteur Freud aurait sans doute eu beaucoup à dire sur ce petit morceau de bravoure macabre, un brin absurde, élégant dans son minimalisme et touchant dans la simplicité de son dispositif.

Rassurez-vous, il ne s’agit pas d’une oeuvre testamentaire. David Cronenberg a encore de beaux jours devant lui, puisqu’il prépare Crimes of the Future, avec Viggo Mortensen, Léa Seydoux et Kristen Stewart. Cette fresque évoquera le transhumanisme à travers l’histoire d’un artiste de performance qui possède un « syndrome d’évolution accélérée » lui permettant de recomposer son corps avec de nouveaux organes. Avec sa partenaire Caprice, Tenser a transformé l’ablation de ces organes en un spectacle que ses fidèles adeptes peuvent admirer en temps réel.