Claire Denis, James Gray, David Cronenberg : nos pronostics pour le festival de Cannes 2022

Avant l’annonce, le 14 avril prochain, des films sélectionnés en compétition à Cannes cette année, on s’est prêté au jeu des pronostics, en privilégiant les films des cinéastes qu’on aime, des habitués de la Croisette et de jeunes figures du ciné mondial émergentes. Bien sûr, aucune info à ce sujet n’a pour le moment filtré – on projette donc complètement nos fantasmes sur cette 75e édition, à travers une liste détaillant chacun des projets, à retrouver ci-dessous.


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Ce que l’on sait de la 75e édition

Virginie Efira animera les cérémonies d’ouverture et de fermeture du festival, qui se tiendra du 17 au 28 mai prochain. En attendant de savoir qui aura la chance de fouler le tapis rouge de la Croisette cette année, sachez déjà que Top Gun : Maverick de Joseph Kosinski, la suite du film culte porté par son interprète principal Tom Cruise, sera projeté en avant-première hors-compétition. Elvis de Baz Luhrmann, dans lequel Austin Butler campe The King, sera également projeté en avant-première. On fait nos pronostics ci-dessous.

Cannes 2022 : Virginie Efira sera la maîtresse de cérémonie

Crimes of the Future de David Cronenberg

Le pitch officiel : « Dans un futur proche, l’humanité a appris à modifier sa composition biologique. Saul Tenser est un « performeur » qui a adopté le syndrome de l’évolution accélérée, faisant apparaître des organes nouveaux dans son corps. Avec sa partenaire Caprice, Tenser a transformé l’ablation de ces organes en un spectacle. »

Huit ans après Maps to the Stars, le sulfureux réalisateur pourrait bien pimenter la Croisette avec ce nouveau film de SF fou et dérangeant, porté par Léa Seydoux, Kristen Stewart et Viggo Mortensen. Quid d’une Palme d’or ? On lui souhaite, lui qui a été cinq fois en compétition officielle, et

David Cronenberg

Les Herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan

Le pitch officiel : « Dans un village isolé d’Anatolie. Samet, jeune professeur célibataire, finit son service obligatoire en espérant être nommé à Istanbul. Son affectation manquée, il perd tout espoir d’échapper à sa vie. Mais sa rencontre avec Nuray, professeure comme lui, va peut-être lui permettre d’aller au-delà de ses idées noires. »

Spécialiste de fresques austères et existentielles qui auscultent la Turquie contemporaine, Nuri Bilge Ceylan est un grand chouchou du festival. Avant de remporter la Palme d’or pour Winter Sleep (2014), il avait déjà empoché un prix de la mise en scène pour Les Trois Singes (2008) et un Grand Prix pour Il était une fois en Anatolie. Ses concurrents n’ont qu’à bien se tenir.

Le Poirier sauvage de Nuri Bilge Ceylan : plume au vent

Armageddon Time de James Gray

Le pitch officiel : « Milieu des années 1980, le quartier du Queens à New York est sous l’hégémonie du promoteur immobilier Fred Trump, père de Donald Trump, le futur président des Etats-Unis. Un adolescent étudie au sein du lycée de Kew-Forest School dont le père Trump siège au conseil d’administration de l’école et dont Donald Trump est un ancien élève. »

Inspirée des souvenirs d’enfance du réalisateur, cette fresque autobiographique au casting de luxe (Cate Blanchett, Robert De Niro, Oscar Isaac, Anne Hathaway et Donald Sutherland) pourrait enfin permettre au réalisateur de décrocher un prix à Cannes. Cité quatre fois en compétition officielle (la dernière fois pour The Immigrant en 2013), le réalisateur est toujours reparti bredouille. Ses fans réclament réparation. 

Poor Things de Yorgos Lanthimos

Le pitch officiel : « Adapté du roman homonyme de Alasdair Gray, cette histoire singulière suit Bella Baxter, une jeune femme ramenée à la vie par son époux après s’être noyée, ce dernier ayant remplacé son cerveau par celui de leur enfant à naître. »

Très bon élève du palmarès cannois (Prix du Jury pour The Lobster en 2015 et Prix du scénario pour Mise à mort du cerf sacré en 2017), le cinéaste grec pourrait de nouveau faire une entrée fracassante en compet’ avec cette relecture gothique et moderne de l’histoire du monstre Frankenstein, qui promet d’être dérangeante à souhait. Bonus : le charismatique duo Emma Stone et Willem Dafoe au casting.

Le film du soir : « Mise à mort du cerf sacré » de Yorgos Lanthimos

Bardo (or false chronicle of a handful of truths) d’Alejandro González Iñárritu

Le pitch officiel : « Un journaliste mexicain réputé (Daniel Giménez Cacho) retourne dans son pays natal. Il va être confronté à ses origines, sa famille ainsi qu’à la réalité actuelle de son pays. »

Éclairée par le génial chef opérateur Darius Khondji, et coécrite avec Nicolás Giacobone (Biutiful et Birdman), cette comédie nostalgique a tout pour séduire le comité de sélection cannois. Surtout que le réalisateur mexicain est bien connu pour ses mélos léchés, où s’entrecroisent intimement grande et petite histoire – la preuve, il avait séduit le jury en 2006 avec Babel, récompensé du prix de la mise en scène.

Emmanuel Lubezki, chef op sans artifice

Showing Up de Kelly Reichardt

Le pitch officiel : « Avant le vernissage de son exposition, le quotidien d’une artiste et son rapport aux autres, le chaos de sa vie va devenir sa source d’inspiration… »

A peine remis de sa bouleversante fable humaniste First Cow, on guette déjà de près le nouveau projet de la réalisatrice américaine, trop peu présente à Cannes – la dernière fois, c’était pour Wendy et Lucy, sélectionné à Un Certain Regard en 2008. Pour ce nouveau portrait féminin, que l’on prédit grâcieux et nuancé, la réalisatrice retrouve son actrice pref, Michelle Williams.

Kelly Reichardt : « On est passé d’un monde de canoës à un monde de porte-conteneurs »

Le Parfum vert de Nicolas Pariser

Le pitch officiel : « En pleine représentation, un comédien de la Comédie-Française est assassiné par empoisonnement. Martin, un des comédiens de la troupe, est bientôt soupçonné par la police. Aidé par une dessinatrice de bandes dessinées, Claire, Martin cherchera à élucider le mystère de cette mort violente au cours d’un voyage en Europe. »

Remarqué à la Quinzaine des Réalisateurs avec Alice et le maire (2019), brillante comédie politique aux dialogues ciselés, Nicolas Pariser pourrait de nouveau créer la surprise avec cette comédie d’espionnage qui réunit Vincent Lacoste et Sandrine Kiberlain.

MICROSCOPE — La main et l’épaule dans « Alice et le Maire » de Nicolas Pariser

La Bête dans la jungle de Patric Chiha

Le pitch officiel : « C’est l’histoire d’un huis clos vertigineux : pendant 25 ans, dans une immense boîte de nuit, un homme et une femme guettent ensemble un événement mystérieux. De 1979 à 2004, l’histoire du disco à la techno, l’histoire d’un amour, l’histoire d’une obsession. La  » chose  » finalement se manifestera, mais sous une forme autrement plus tragique que prévu. »

Après le crépusculaire Si c’était de l’amour, inspiré d’une pièce de Gisèle Vienne, le cinéaste autrichien pourrait faire une entrée remarquable dans le monde cannois avec ce film énigmatique librement adapté d’une nouvelle de Henry James, qui nous propulsera dans l’histoire musicale des années 1980, jusqu’aux années 2000. Un huis clos festif porté par Anaïs Demoustier, Tom Mercier, et notre actrice-sorcière préférée, Béatrice Dalle.

Patric Chiha : « Dans la fête, le monde est à l’arrêt »Brothers of the Night : un docu onirique sur des prostitués bulgares à Vienne

La Petite bande de Pierre Salvadori

Le pitch officiel : « La petite bande, c’est Cat, Fouad, Antoine et Sami, quatre collégiens de 12 ans. Par fierté et provocation, ils s’embarquent dans un projet fou : faire sauter l’usine qui pollue leur rivière depuis des années. Mais dans le groupe fraîchement formé les désaccords sont fréquents et les votes à égalité paralysent constamment l’action. »

Avec En Liberté !, sur la rencontre entre la veuve d’un flic ripoux (Adèle Haenel) et ex-taulard innocent (Pio Marmaï), Pierre Salvadori nous a prouvé qu’il maniait l’art subtil de la comédie loufoque façon Monty Python. On espère le voir débarquer à Cannes avec ce projet réjouissant, tourné entre deux confinements avec des enfants amateurs.

Pierre Salvadori, comédie de maître

Chronique d’une liaison passagère d’Emmanuel Mouret

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© Pyramide Distribution

Le pitch officiel : « Une mère célibataire et un homme marié deviennent amants. Engagés à ne se voir que pour le plaisir et à n’éprouver aucun sentiment amoureux, ils sont de plus en plus surpris par leur complicité… »

Deux ans après une sélection à Cannes pour Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait, conte philosophique sur les incertitudes du cœur, Emmanuel Mouret pourrait confirmer sa filiation rohmérienne avec cette nouvelle comédie qui s’annonce douce-amère, portée par de nouveaux venus dans son univers délicat et raffiné : Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne. 

« Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait » : un fougueux conte philosophique

Les Cinq diables de Léa Mysius

Le pitch officiel : « Vicky, petite fille étrange et solitaire, a un don : elle peut sentir et reproduire toutes les odeurs de son choix qu’elle collectionne dans des bocaux étiquetés avec soin. Elle a extrait en secret l’odeur de sa mère, Joanne, à qui elle voue un amour fou et exclusif, presque maladif. »

Après le succès d’Avaportrait solaire d’une ado frondeuse découvrant les plaisirs charnels tout en perdant progressivement la vue -, Léa Mysius retrouve Noée Abita pour ce second long qui interrogera une nouvelle fois la maternité et ses ambivalences. Au casting également : Adèle Exarchopoulos et Daphné Patakia. Rappelons que Léa Mysius a coécrit les scénarios de plusieurs films présentés à Cannes, notamment Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin et Les Olympiades de Jacques Audiard.

Léa Mysius, chaud aux yeux

Close de Lukas Dhont

Le pitch officiel : « L’amitié fusionnelle entre deux garçons de treize ans, Leo et Remi, soudain perturbée par leur passage à l’adolescence. Leo cherche du réconfort en se rapprochant de la mère de Remi, Sophie. »

En 2018, le jeune réalisateur belge ébranlait la Croisette avec Girl (reparti avec la Caméra d’or et la Queer Palm) dans lequel il racontait l’histoire d’une jeune fille née garçon, rêvant de devenir danseuse étoile. Avec ce deuxième long, qui réunit Léa Drucker et Emilie Dequenne, Lukas Dhont risque à nouveau de questionner les constructions sociales aliénantes en posant sur ses personnages un regard que l’on sait profondément empathique et doux.

Girl de Lukas Dhont : à corps perdu

Tori et Lokita des frères Dardenne

Le pitch officiel : « En Belgique, deux migrants se battent pour conserver leur amitié face à l’épreuve de leur exil. »

Après Le Jeune Ahmed (2019), dans lequel ils traitaient de manière très fine de la radicalisation islamiste, les frères Dardenne pourraient naturellement revenir en compétition cette année. Grâce à leur regard affûté sur la société, leur façon de toujours se coller à la contemporanéité, ils y sont régulièrement conviés. Notons que les Belges sont doublement palmés : ils ont remporté la récompense suprême en 1999 pour Rosetta, puis en 2005 pour L’Enfant. Vous savez ce qu’on dit : jamais deux sans trois.

« Le Jeune Ahmed »: ce que les critiques en pensent sur Twitter

Un beau matin de Mia Hansen-Løve

Le pitch officiel : « Sandra se démène pour essayer de faire soigner son père malade. Pendant ce combat acharné, elle rencontre Clément, un ami perdu depuis longtemps. »

Déjà présente en compétition l’année dernière avec son fantomatique Bergman Island, la réalisatrice enchaîne cette année avec Un beau matin. Au casting : Léa Seydoux, Pascal Greggory, Nicole Garcia, Melvil Poupaud. On connaît le goût de Mia Hansen-Løve pour les portraits féminins gracieux et lumineux – Lola Créton en ado confrontée à une rupture dévastatrice dans Un amour de jeunesse, Isabelle Huppert en prof de philo qui s… Un beau matin s’annonce de la même trempe. Rappelons qu’en 2009, Mia Hansen-Løve était repartie avec le prix spécial du jury Un certain regard pour Le père de mes enfants.

Mia Hansen-Løve

Les Enfants des autres de Rebecca Zlotowski

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© LES FILMS VELVET

Le pitch officiel : « Une femme sans enfant développe un lien profond avec la fille de son compagnon»

Avec Une fille facile (présenté à la Quinzaine des réalisateurs et en couv de notre numéro d’été en 2019)Rebecca Zlotowski nous avait envoûté, au gré de balades entre les boîtes de nuit, les calanques et les yachts cannois, aux côtés de Zahia Dehar, qui y incarne une puissante héroïne hédoniste. Son prochain film sera a priori plus terre-à-terre, si on en croit son synopsis.  La « femme sans enfant » dont il est question sera campée par Virginie Efira – par ailleurs maîtresse de cérémonie cette année. Elle sera accompagnée par Roschdy Zem et le petit nouveau Victor Lefebvre. Zlotowski parviendra-t-elle à aller pour la première fois en compet’ ? On espère bien.

Zahia Dehar et Rebecca Zlotowski pour « Une Fille Facile »

École de l’air de Robin Campillo

Le pitch officiel : « Madagascar, au tournant des années 1960 et des années 1970. Sur une base aérienne de l’armée française, les militaires vivent les dernières années insouciantes du colonialisme. Influencé par ses lectures de Fantômette, Thomas, un enfant qui n’a pas encore 10 ans, se forge progressivement un regard sur le monde qui l’entoure… »

C’est le grand retour de Campillo, qui nous avait complètement retourné en 2017 avec 120 battements par minute. Une grande fresque politique sur le mouvement Act Up au début des années 1990 et les ravages intimes du sida sur les malades et leur entourage, qui avait remporté le Grand prix du jury à Cannes en 2017. Le réalisateur et scénariste (de plusieurs films de son ami Laurent Cantet notamment) va fouiller une autre période historique perturbée, cette fois à travers le regard d’un enfant. Parmi les membres du casting, on repère mais aussi, plus tard, chez Valeria Bruni Tedeschi (voir plus bas).

Robin Campillo, retour à la vie

Triangle of Sadness de Ruben Östlund

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© Bac Films

Le pitch officiel : « L’histoire de deux mannequins à l’approche du crépuscule de leur carrière, cherchant une issue tranquille du milieu de la mode. L’un est un mannequin masculin montrant des signes de calvitie et voit ses perspectives disparaitre, l’autre est un mannequin féminin, lesbienne, rejetant les généreuses propositions d’hommes riches. »

Après le carré (en anglais « the square », titre de son dernier film qui a remporté la Palme d’or en 2017) inquiétant, le triangle de la tristesse. Le Suédois Ruben Östlund pourrait bien agiter de nouveau la Croisette, avec ce nouveau film notamment porté par Woody Harrelson, et qui fait a priori écho à son précédent : on devine que le réalisateur grattera le vernis d’un milieu qui fait primer l’image, la superficialité, l’entre-soi. De quoi bien secouer Cannes s’il s’y achemine.

Ruben Östlund, agent agitateur

Decision to Leave de Park Chan-wook

Le pitch officiel : « Un honnête policier enquête sur une mort suspecte survenue dans une montagne. Bientôt, il commence à soupçonner la femme du défunt tout en étant attiré par cette dernière… »

Après le gigantesque Mademoiselle (2016), où il mettait admirablement en scène la relation ambivalente, aussi toxique que sensuelle, entre une servante et sa maîtresse dans le Japon des années 1930, le Sud-coréen Park Chan-Wook devrait présenter un projet tout aussi sombre, érotique, chabrolien. Ce qui nous fait dire qu’il sera là ? Il a déjà été présent en compétition trois fois : avec Mademoiselle, donc, mais aussi Old Boy (Grand prix en 2004), et enfin en 2009 Thirst, ceci est mon sang (Prix du jury). Notons que le cinéaste était membre du jury en 2017, année du sacre de The Square.

Park Chan-Wook, avec plaisir

Baby, Box, Broker de Hirokazu Kore-eda

Le pitch officiel : « Des boîtes sont mises à la disposition de parents souhaitant abandonner en toute discrétion leurs bébés. »

Décidément, Kore-eda aborde le thème de la famille comme aucun autre. Après Une affaire de famille (Palme d’or en 2018), le cinéaste japonais devrait encore une fois transgresser les codes (dans ce précédent film, il chroniquait le quotidien d’une famille de petits bandits, bientôt rejointe par une fillette maltraitée et délaissée qu’ils intègrent tendrement à leur tribu). En plus d’Une affaire de famille, quatre de ses films ont été auparavant retenus en compétition : Distance en 2001 ; Nobody Knows en 2004 ; Tel père, tel fils en 2013 ; Notre petite sœur en 2015. Kore-eda appartient pour sûr à la grande famille de Cannes – on ne prend donc ici pas trop de risques.

Le film de la semaine : Après la tempête de Hirokazu Kore-eda

La Goutte d’or de Clément Cogitore

Le pitch officiel : « Ramsès, trente-cinq ans, tient un cabinet de voyance rue de la Goutte d’or à Paris. Habile manipulateur et un peu poète sur les bords, il a mis sur pied un solide commerce de la consolation. »

Voilà un jeune prodige du cinéma français, dont l’œuvre expérimentale, à la croisée du cinéma et de l’art contemporain, mériterait une sélection cannoise. Son premier long-métrage, Ni le ciel ni la terre, avait été présenté en compétition à la Semaine de la critique en 2015 et récompensé avec l’Aide Fondation Gan pour la Diffusion. Avec cette nouvelle fiction à la lisière du fantastique et du social, portée par le génial Karim Leklou, le cinéaste risque de faire mouche.

L’artiste, metteur en scène et réalisateur Clément Cogitore interviewé par Louis, 15 ans

La Grande magie de Noémie Lvovsky

Le pitch officiel : « Un magicien charlatan fait disparaître Marta, la femme de Charles. Celui-ci s’impatiente et réclame sa femme. Le magicien lui met alors entre les mains une boîte en lui disant que Marta est à l’intérieur. Mais il ne doit l’ouvrir que s’il a absolument foi en elle, sous peine de la faire disparaître à jamais. »

Pour sa première comédie musicale inspirée de la pièce La Grande Magia d’Eduardo De Filippo, Noémie Lvovsky – dont on avait déjà adoré le très malicieux Camille Redouble en 2012 – a recruté la crème de la crème du cinéma français : Denis Podalydès, Judith Chemla, Sergi Lopez, François Morel, Damien Bonnard et Rebecca Marder. Cerise sur le gâteau : la musique sera composée par le groupe de rock français Feu ! Chatterton, dont le spleen, entre poésie et tourmente, colle à 100% avec l’univers rétro de Noémie Lvovsky.

 « Demain et tous les autres jours »: le joli conte cruel de Noémie Lvovsky

Dom Juan de Serge Bozon

Le pitch officiel : « En 2022, Don Juan n’est plus l’homme qui séduit toutes les femmes, mais un homme obsédé par une seule femme : celle qui l’a abandonné… »

Une adaptation chantée-dansée du classique de Molière ? Il fallait l’audace de Serge Bozon – abonné absent du tapis cannois jusqu’ici – pour oser. Histoire de dépoussiérer le mythe, le réalisateur des excentriques Tip Top et Mrs Hyde a fait appel à Tahar Rahim et Virginie Efira, que l’on a déjà pu apercevoir en train de répéter une chorégraphie de Christian Rizzo.

Serge Bozon, école de magie

Bones and All de Luca Guadagnino

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© Yannis Drakoulidis

Le pitch officiel : « Maren Yearly, une jeune fille de 16 ans, parcourt le pays dans l’espoir de retrouver son père. Elle espère ainsi comprendre pourquoi elle a tué bon nombre de ses amis car elle se contient pour ne pas repasser à l’acte. »

Un film d’horreur aux pulsions cannibales, adapté d’un roman de Camille DeAngelis : rien de tel pour donner des frissons aux spectateurs cannois cette année. Le réalisateur de Call me by your Name et Suspiria, convié à la Quinzaine en 2019 pour son moyen métrage The Staggering Girl, pourrait faire sensation avec ce road-movie porté par Timothée Chalamet, Taylor Russell McKenzie, Chloë Sevigny, Michael Stuhlbarg, Maren Yearly, Mark Rylance, David Gordon Green et Jessica Harper.

SUPERCUT – « Suspiria » de Dario Argento VS. son remake par Luca Guadagnino

Frère et sœur d’Arnaud Desplechin

Le pitch officiel : « Un frère et une sœur à l’orée de la cinquantaine… Alice est actrice, Louis fut professeur et poète. Ils ne se parlent plus et s’évitent depuis plus de vingt ans, mais ils vont être amenés à se croiser lors du décès de leurs parents. »

Arnaud Desplechin n’a visiblement pas fait le tour de son sujet de prédilection : la famille. Despotique, dysfonctionnelle, lieu de toutes les névroses, elle traverse à peu près tous ses films, dont le très beau Un conte de noël, sélectionné en compétition officielle en 2008, tout comme cinq autres films du réalisateur (le dernier en date étant Roubaix, une lumière en 2019). Espérons que ce long qui réunit Marion Cotillard et Melvil Poupaud rompe cette malédiction.

Arnaud Desplechin et la chef-opératrice Irina Lubtchansky nous parlent de « Roubaix, une lumière »

Bowling Saturne de Patricia Mazuy

Le pitch officiel : « A la mort de leur père, Guillaume, policier ambitieux, offre en gérance le bowling dont il vient d’hériter à son demi-frère Armand. Dans un monde régi par les règles de la chasse, l’héritage est maudit et va plonger les deux hommes dans un gouffre de violence. »

Après deux passages cannois dans la section Un certain regard – pour le décapant Peaux de vaches et Saint-Cyr –, la trop rare Patricia Mazuy, très à l’aise pour s’approprier les codes du film de genre, pourrait faire son grand retour avec ce thriller teinté de politique, porté par Arieh Worthalter et Achille Reggiani. Connaissant le style de la réalisatrice, à la fois cru et décalé, on a bien envie de le voir débouler sur la Croisette sans complexe.

« Paul Sanchez est revenu » de Patricia Mazuy : nouveau western

Z (comme Z) de Michel Hazanavicius

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© Wild Bunch Distribution

Le pitch : « L’histoire d’un tournage de film de série Z qui vire à la catastrophe, perturbé par l’irruption d’authentiques morts-vivants… »

Après Le Redoutable, pastiche savoureux du style godardien, le cinéaste français pourrait présenter ce projet tout aussi méta et loufoque, remake du film japonais Ne Coupez pas ! (2017) de Shin’ichirō Ueda. Romain Duris y campera un réalisateur au bord du burn-out, aux côtés de Bérénice Béjo et Jean-Pascal Zadi. Ce serait peut-être l’occasion pour Michel Hazanavicius de concourir une nouvelle fois pour la Palme d’or, manquée pour The Artist en 2011.

Blue, Ethan et Océane rencontrent Michel Hazanavicius

La nuit du 12 de Dominik Moll

Le pitch : « Dans les couloirs de la Police Judiciaire, il se raconte que chaque enquêteur a un crime qui le hante. Yohan vient d’être nommé chef de groupe à la Brigade Criminelle de Grenoble, et pour lui, c’est le meurtre de Clara. Pour son enquête, Yohan fait équipe avec un dénommé Marceau. »

Pourquoi on l’attend à Cannes ? Car Dominik Moll est sans doute l’un des meilleurs chefs d’orchestre du malaise dans le cinéma français. Plus de vingt ans après Harry, un ami qui vous veut du bien, sélectionné en compétition officielle, l’inquiétante étrangeté de ce thriller nous hante encore. Coécrit avec Gilles Marchand, et porté par un trio d’enfer (Bastien Bouillon, Bouli Lanners et Anouck Grinberg), ce polar est un excellent candidat à la Palme d’or.

« Seules les bêtes » : thriller enneigé de Dominik Moll

Mercy de Kim Chapiron

Le pitch : inconnu

L’absence totale d’information concernant le nouveau film du réalisateur du culte Dog Pound ne l’empêche pas de figurer dans nos pronostics, tant il attise notre curiosité. Après La Crème de la crème (2014), Kim Chapiron prépare Mercy, coécrit avec Dominique Baumard, Ramzi Ben Sliman. Au casting, on retrouvera Hady Berthe (vue dans Haute Couture), Rebecca Brou et Anta Diaw.

À voir sur mk2 curiosity : « Sky Cry », le clip futuriste du groupe Pink Noise, signé Kim Chapiron

She Said de Maria Schrader

Le pitch officiel : « Le film retrace l’investigation menée par Jodi Kantor et Megan Twohey pour le New York Times au sujet des accusations d’agressions sexuelles commises par le producteur d’Hollywood, Harvey Weinstein. »

Lauréate d’un Emmy Award pour avoir brillamment réalisé les épisodes de la puissante mini-série Unorthodox (qui raconte l’histoire d’une jeune femme juive ultra-orthodoxe fuyant une communauté hassidique de New-York), l’Allemande Maria Schrader pourrait bien créer la surprise avec ce film chroniquant la chute de celui qui régnait en nabab sur le tout Hollywood. Les deux journalistes d’investigation qui feront tomber ce dernier seront incarnées par Carey Mulligan et Zoe Kazan. On est évidemment très hypés.

Tchaikovsky’s Wife de Kirill Serebrennikov

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© Hype Film

Le (long) pitch officiel : « L’intrigue est centrée sur Antonina Miliukova, une jeune femme belle et brillante, née dans l’aristocratie russe du XIXe siècle. Elle pourrait avoir tout ce qu’elle désire, mais son obsession est d’épouser Piotr Tchaïkovski, dont elle tombe amoureuse dès qu’elle entend sa musique. La seule raison pour laquelle le compositeur acceptera finalement cette union est de mettre fin aux rumeurs à son sujet. Ne ressentant aucun amour, et la rendant responsable de ses malheurs et de ses dépressions, Tchaïkovski tente brutalement de se débarrasser de sa femme. Consumée par ses sentiments pour lui, Antonina décide d’endurer et de faire tout ce qu’il faut pour rester avec lui. Humiliée, disgraciée, rejetée, elle sombre peu à peu dans la folie… »

Généralement absent des festivités cannoises à cause de ses déboires avec le pouvoir russe (en juin 2020, le cinéaste a été condamné à trois ans de prison avec sursis pour une affaire controversée de détournement de fonds – une peine accompagnée d’une interdiction de sortie du territoire), Serebrennikov fait acte de présence et de résistance à travers ses films, régulièrement sélectionnés à Cannes. Dernière preuve en date : La Fièvre de Petrov, un film tourbillonnant, outrancier et saisissant, en compétition l’année dernière. Il est donc très probable que le réalisateur du très beau Leto (en compétition en 2018) nous bouscule encore cette année avec ce nouveau projet inspiré de la vie intime agitée du célèbre compositeur russe Tchaïkovski, dont on prédit qu’il déchaînera les passions.

« La Fièvre de Petrov » : trip fiévreux en Russie

R.M.N de Cristian Mungiu

Le pitch officiel : inconnu. 

Actuellement en post-prod, le prochain film du Roumain Cristian Mungiu (lauréat d’une Palme d’or en 2007 pour 4 mois, 3 semaines et 2 jours, de Prix du scénario et d’interprétation féminine en 2012 pour Au-delà des collines, puis d’un Prix de la mise en scène en 2016 pour Baccalauréat) s’entoure de mystère – on ne connaît rien de son histoire, ni de son casting. En revanche, on connaît maintenant bien le cinéma de Mungiu, qui radiographie avec finesse et sans esbrouffe les traumas de la société roumaine, en prêtant toujours une oreille attentive à la jeune génération. Et on décèle à travers les quelques photos de tournage de son film, repérées sur Instagram, un récit aussi sensible – centré sur une relation père-enfant ?

Cristian Mungiu, l’enfer du père

The Stars at Noon de Claire Denis

Le pitch officiel : « En 1984, en pleine révolution nicaraguayenne, un mystérieux homme d’affaires britannique et une journaliste américaine vivent un amour passion. Lorsqu’ils sont pris dans un tourbillon de mensonges et de complots, ils sont forcés de sortir du pays, en ne pouvant compter que sur eux-mêmes. »

Après un passage à la Berlinale en février dernier – pour son beau et intimiste Avec amour et acharnement, reparti avec l’Ours d’argent de la meilleure réalisation –, Queen Denis finit la préparation de cette production américaine ultra attendue, inspirée par un livre de Denis Johnson publié en 1986 et portée par trois nouvelles recrues : Margaret Qualley, Joe Alwyn et Danny Ramirez.  Notons que, de tous les films de la réalisatrice, seul Chocolat a été sélectionné en compétition à Cannes – c’était pendant l’édition de 1988. Une injustice à vite réparer.

Revoir Paris d’Alice Winocour

Le pitch officiel : « Un soir d’automne, Mia est prise dans un attentat d’une brasserie parisienne. Trois mois plus tard, elle ne parvient toujours pas à reprendre le cours de sa vie, et décide alors d’enquêter pour retrouver le chemin d’un bonheur possible. »

Repérée en 2012 à la Semaine de la critique avec son premier long métrage Augustine, Alice Winocour continue depuis à nous surprendre. La dernière fois, c’était avec Proxima (2019), intense Iliade au féminin qui prenait le contrepied des épopées spatiales spectaculaires. On l’imagine bien revenir cette année par la grande porte cannoise dans ce nouveau film qui réunira entre autres Virginie Efira, Benoît Magimel, Grégoire Colin, Maya Sansa et Amadou Mbow. En tout cas, on parie que ce nouveau film saura très bien prendre le pouls de notre époque anxiogène.

« Proxima » d’Alice Winocour: un intense drame spatial sur la relation mère-fille

Un petit frère de Leonor Serraille

Le pitch officiel : « Une chronique familiale se déroulant sur 30 ans. À la fin des années 1980, une femme arrive d’Afrique et s’installe en banlieue parisienne avec ses deux fils. De cette installation jusqu’à nos jours, construction et déconstruction d’une famille ordinaire. »

En 2017, elle avait remporté la Caméra d’or à Cannes pour le jouissif Jeune femme, un premier long sur les tribulations d’une jeune trentenaire borderline campée par une Laetitia Dosch éclatante. Comme pour se tracer un chemin un peu moins zigzagant que celui de son héroïne électrique, Léonor Serraille a choisi de prendre son temps pour préparer cette suite qu’on espère découvrir à Cannes. Pour porter ce récit fleuve, la réalisatrice a choisi Annabelle Lengronne (Mercuriales, Filles de joie), Stéphane Bak (Roads ou L’Adieu à la nuit), l’humoriste Ahmed Sylla et Kenzo Sambin. A la photographie, on note la présence d’Hélène Louvart (Never Rarely Sometimes AlwaysHeureux comme Lazzaro).

3 questions à Léonor Serraille pour Jeune femme

Les Amandiers de Valeria Bruni Tedeschi

Le pitch officiel : « L’histoire se situe à la fin des années 1980. Stella, Victor, Adèle, Etienne ont vingt ans. Ils passent le concours d’entrée de la célèbre école créée par Patrice Chéreau et Pierre Romans au Théâtre des Amandiers de Nanterre. Lancés à pleine vitesse dans la vie, la passion, le jeu, l’amour, ensemble ils vont vivre le tournant de leur vie mais aussi leur première tragédie. »

Elle avait plié le game l’année dernière en interprétant avec un sens irrésistible du burlesque une bourgeoise blessée par sa compagne (Marina Foïs) qui veut la quitter, dans la comédie politique La Fracture de Catherine Corsini, reparti avec la Queer Palm. Valeria Bruni Tedeschi se prépare à revenir, cette fois derrière la caméra, pour cette fiction qui s’annonce encore une fois assez autobiographique (comme beaucoup de ses films). On retrouvera Louis Garrel (dans la peau de Patrice Chéreau), Micha Lescot et la révélation Nadia Tereszkiewicz, dont c’est décidément l’année.

« Les Estivants » de Valeria Bruni Tedeschi : canicule intime

La Tour d’Assitan de Guillaume Nicloux

Le pitch officiel : « Les habitants d’une tour de cité découvrent un matin qu’un voile noir obstrue toutes les fenêtres et la porte d’entrée de l’immeuble. Un voile noir qui dévore tout ce qui tente de le pénétrer… »

Après (en compétition officielle en 2015) et Les Confins du monde (à la Quinzaine des réalisateurs en 2018), Guillaume Nicloux pourrait revenir cette année avec ce nouvel opus au résumé presque fantastique – pour sûr très fantasmatique. Guillaume Nicloux aime la prise de risque (aucun de ses films ne se ressemble vraiment). Ça tombe bien, nous aussi, d’où ce pari.

« Les Confins du monde » de Guillaume Nicloux : chaos intime

Les Harkis de Philippe Faucon

Le pitch officiel : « A la fin des années 50, début des années 60, alors que la guerre d’Algérie continue. Salah, Kaddour et d’autres jeunes Algériens sans ressources rejoignent l’armée française en tant que Harkis (Algériens ayant combattu aux côtés de la France). Leur section est commandée par le lieutenant Pascal. A la fin du conflit, l’Algérie obtient son indépendance. La France se retire alors que le sort de ses Harkis semble très incertain. Contre sa hiérarchie, le lieutenant Pascal se bat pour ramener ses hommes en France… »

Avec son trait fin et épuré, Philippe Faucon s’est imposé comme un des plus grands portraitistes de femmes animées par leur besoin de s’affirmer (Muriel fait le désespoir de ses parents, 1995 ; Samia, 2000 ; Fatima, César du meilleur film français en 2016…). C’est cette fois le point de vue de jeunes hommes qui guide l’histoire de son prochain film, qui promet de creuser avec subtilité les répercussions de la guerre d’Algérie sur la vie des Harkis – un sujet encore trop peu exploité au cinéma. Ce pourrait être le premier film de Faucon à être en compétition.

Philippe Faucon, portraits du féminin

Les Braves de Sébastien Betbeder

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Les Braves (c) Envie de Tempête Productions

Le pitch officiel : « Dans une ville du Nord de la France, Thomas, pigiste au journal local, doit faire le portrait d’Usé, musicien atypique et ancien candidat à l’élection municipale. Tandis que les deux hommes apprennent à se connaître, ils découvrent, le corps inanimé de Jojo. Mais ce dernier ressuscite… »

En dehors de 2 automnes 3 hivers (2013) et Le Voyage au Groenland (2016), programmés à l’ACID du festival, l’univers singulier de Sébastien Betbeder n’a pas souvent eu l’occasion de se frayer un chemin au milieu des habitués cannois. Ce qui ne nous empêche pas de miser sur la présence de cet outsider, spécialiste des « dramédies » qui capturent toujours finement les maux de notre époque. Ce projet réunira Thomas Scimeca, Nicolas Belvalette, Jonathan Capdevielle et Léonie Dahan-Lamort.

Magdala de Damien Manivel

Après Les Enfants d’Isadora (2019), récit sur la force guérisseuse de la danse, l’ancien acrobate fait équipe avec Elsa Wolliaston, danseuse et chorégraphe jamaïquaine, pour un biopic (qui s’annonce peu conventionnel) de Marie Madeleine. Les derniers jours de ce personnage biblique y seront abordés lors d’un voyage mystique et sensoriel, sans dialogues. Rappelons que Damien Manivel a reçu le Prix Découverte à la 51e semaine de la Critique pour son court-métrage Un Dimanche matin.

« Les Enfants d’Isadora » de Damien Manivel, un récit bouleversant sur la danse

Plus que jamais d’Emily Atef

Le pitch : « Hélène, 33 ans, vit heureuse en couple. Sa vie bascule le jour où elle apprend qu’elle a une maladie rare des poumons. Grâce à un blog, elle découvre la Norvège, et décide de suivre son instinct. Elle traversera toute l’Europe jusque là-bas. »

Remarquée à la Semaine de la critique en 2018 avec L’Etranger en moi, qui évoquait la dépression périnatale d’une jeune femme, la cinéaste franco-allemande pourrait faire son grand retour avec ce drame coécrit avec Lars Hubrich, que l’on pressent comme un portrait psychologique intense. Face à Vicky Krieps, on retrouvera Gaspar Ulliel dans l’un de ses derniers rôles.

Boy From Heaven de Tarik Saleh

Le pitch officiel : « Dans une prestigieuse université religieuse au Caire, le jour de la rentrée, le grand Imam s’effondre, mort, devant les étudiants. Démarre alors une guerre d’influence sans pitié pour lui succéder. »

Le cinéaste suédois d’origine égyptienne nous avait sidéré en 2019 avec Le Caire Confidentiel, un polar poisseux sur fond de corruption politique au cœur du monde arabe, primé au Festival de Sundance. Une entrée fracassante sur la scène internationale, qui devrait lui permettre de se frayer une place en compet’ officielle avec ce nouveau portrait sans concession du milieu universitaire égyptien.

La Colline parfumée d’Abderrahmane Sissako

Le pitch officiel : « Joice, une jeune africaine d’une trentaine d’années dit non le jour de son mariage. Elle quitte son pays natal et se crée une nouvelle vie en Chine, à  » Chocolate City « , le quartier africain de Guangzhou, où elle travaille dans une boutique de thé. »

Depuis cinq longues années et la sortie de l’incroyable Timbuktu (récompensé du Prix du jury œcuménique à Cannes en 2014), plus aucune trace du réalisateur mauritanien. 2022 pourrait donc être l’année du grand retour de ce cinéaste engagé, qui a confié à propos de ce nouveau film : « Le sujet de La Colline parfumée, qui parle de rencontres dans un monde en perpétuel mouvement, m’habite depuis fort longtemps. »

Abderrahmane Sissako, poésie de la révolte

Love Life de Koji Fukada

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Le pitch officiel : « Avec son époux Jiro et son fils Keita, Taeko vit juste en face du domicile de ses beaux-parents, qui n’ont jamais vraiment accepté que leur fils se marie avec elle. Ils lui auraient préféré son ancienne fiancée, qui ne s’est jamais remise de la rupture d’avec Jiro. Quand Taeko le découvre, un événement vient bouleverser leurs existences et Sangsoo, le père biologique de Keita, réapparaît. »

Avec Harmonium (Prix du Jury à Un Certain Regard en 2016) L’Infirmière (2019) et Suis moi je te fuis (en Sélection officielle en 2020), le cinéaste japonais a imposé un style singulier, naviguant entre horreur, thriller psychologique et chronique sociale pour ausculter les mœurs de son pays. Le réalisateur, qui n’a jamais caché sa tendresse et sa filiation pour les chroniques d’Eric Rohmer, pourrait être l’un des prestigieux invités du festival cette année.

« Le Soupir des vagues » : mémoire inquiète

Disappointment Blvd. d’Ari Aster

Le pitch officiel : « Un portrait intime, s’étendant sur plusieurs décennies, de l’un des entrepreneurs les plus prospères de tous les temps. » 

Il avait dit que son prochain film serait soit une « comédie cauchemardesque », soit un « grand mélodrame domestique maladif »mais Ari Aster a sans doute changé d’avis. Le jeune prodige du cinéma d’horreur indépendant a finalement opté pour un mystérieux projet, a priori loin des sentiers de l’horreur. A défaut d’en connaître plus sur l’intrigue, on sait déjà que Joaquin Phoenix tiendra le rôle principal de ce troisième long-métrage, après les angoissants Hérédité (2018) et Midsommar (2019). Ce dernier sera accompagné des actrices Zoe Lister-Jones et Parker Posey. Absent jusqu’ici des festivals, Ari Aster pourrait bien faire une entrée fracassante dans le plus célèbre d’entre eux. Il a en tout cas tout un boulevard face à lui.

3 questions à Ari Aster pour « Midsommar »

The Eternal Daughter de Joanna Hogg

Le pitch officiel : « The Eternal Daughter promet secrets de famille, mystères cachés, fantôme et manoir de famille… »

Peu connue dans l’Hexagone il y a encore un an, la cinéaste britannique s’est enfin révélée l’hiver dernier avec son sublime diptyque The Souvenir, en couv’ du numéro 185 de TROISCOULEURS. Hogg y racontait sa jeunesse posh dans les années 1980 et la relation toxique qui a pesé sur son apprentissage en école de cinéma. On verrait bien la discrète réalisatrice briller encore davantage en accédant au tapis rouge, avec ce film qui semble tout aussi fort, intimiste, et qui réunit Tilda Swinton (Hogg avait d’ailleurs engagé sa fille Honor Swinton Byrne pour incarner le personnage principal de The Souvenir) et Joseph Mydell. Un peu de patience encore pour le découvrir.

Joanna Hogg, l’art de la discrétion

Un film secret de David Lynch

Le pitch officiel : inconnu.

La rumeur enfle depuis début avril, notamment relayée par Variety : le magazine américain rapporte qu’un projet du cinéaste pourrait être montré à Cannes et précise que ce pourrait être le pilote, dans une version longue, d’une série intitulée Wisteria, ou bien un film complétement inédit et autonome, possiblement réalisé pendant les périodes de confinements l’année dernière aux États-Unis. Durant cette morne période, l’auteur de Mulholland Drive avait égayé notre quotidien en nous distillant ses conseils sur la fabrique des lampes ou la méditation transcendantale, ou en nous livrant ses désormais mythiques bulletins météos. Si la rumeur s’avère vraie, Lynch nous aura tout de même bien berné : on rappelle qu’en octobre 2020, il avait confié au média PCS Literary Magazine que sans la pandémie, il aurait « peut-être [fait] un film. » Malgré tout, on n’en veut pas à notre cinéaste préféré, venu présenter à Cannes en 2018 la troisième saison de sa série démentielle Twin Peaks, et qu’on se réjouirait – le mot est faible – de retrouver cette année, trente-deux ans après la consécration de Sailor et Lula, Palme d’or en 1990.

« Mulholland Drive » de David Lynch aurait dû être une série spin-off de « Twin Peaks »