Chantal Akerman sur HENRI : deux courts-métrages méconnus à découvrir

En plus de la rétrospective en salle dédiée à Chantal Akerman ainsi que de l’exposition présentée au Jeu de Paume jusqu’au 19 janvier 2025, découvrez deux courts-métrages inédits sur HENRI (la plateforme de streaming gratuite de la Cinémathèque) – dont un avec Catherine Deneuve – complétant l’œuvre protéiforme de la cinéaste belge.


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EXAMEN D’ENTRÉE INSAS – Belgique / 9 minutes / 1967

Après avoir vu Pierrot le Fou de Jean-Luc Godard à 15 ans, Chantal Akerman déserte le lycée en 1967 pour tenter le concours de l’INSAS, l’Institut Nationale Supérieur des Arts du Spectacles de Bruxelles. C’est dans ce cadre qu’elle filme avec Marilyn Watelet, amie et future productrice, quatre bobines d’images en noir et blanc, suivant un scénario improvisé qui raconte les péripéties estivales d’une jeune femme. Après avoir volé une cliente d’un magasin de chaussures, l’héroïne profite des attractions de la Foire du Midi avant de rentrer chez elle pour y faire du rangement. Avec sa caméra Super 8, la cinéaste en herbe expérimente la mise en scène de façon spontanée et insouciante. Un geste primitif préfigurant ses obsessions pour le burlesque, les rituels domestiques et les humeurs urbaines de la nuit.

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CONTRE L’OUBLI : Pour Febe Elisabeth Velasquez, El Salvador – France / 4 minutes / 1991

À l’occasion de leur 30ème anniversaire en 1991, Amnesty International sollicite trente personnalités du cinéma autour d’un film collectif intitulé Contre l’oubli, destiné à rendre hommage aux victimes politiques. Bien qu’en pleine préparation de son documentaire D’Est (sorti en 1993), Chantal Akerman participe à ce projet qu’elle dédie à Febe Elisabeth Velasquez, syndicaliste salvadorienne assassinée dans un attentat en 1989.

Au fil d’un plan-séquence tourné dans une rue du XXème arrondissement de Paris, le film fait surgir de la nuit Catherine Deneuve, qui évoque le sourire, le courage de cette femme tuée tout en dénonçant la violence de cet État d’Amérique Latine. Le violoncelle de Sonia Wieder-Atherton, interprétant El Cant dels ocells, un chant traditionnel catalan, densifie ce travelling solennel d’une tessiture élégiaque. Dans le prolongement de ses dérives noctambules, Chantal Akerman transcende à nouveau la nuit pour extirper cette militante de l’anonymat sous la forme d’un miracle. 

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Images © La Cinémathèque