Blow Up décrypte les génériques de Jane Campion

Ce week-end, Jane Campion se verra décerner le Prix Lumière au festival lyonnais (qui se déroulera du 9 au 17 octobre). L’occasion de se pencher sur ses génériques, aussi érogènes que cérébraux.


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Immersion dans les profondeurs de la mer, graphisme qui évoque la natalité grâce à des formes embryonnaires… Chez Jane Campion, le générique est un endroit privilégié pour faire éclore ses thèmes de prédilection. L’ouverture de Top of the Lake évoque ainsi, avec ses entrailles aquatiques, l’insoluble question des origines de la maternité.

Le générique chez Jane Campion est aussi une affaire d’hommage. Dans ses deux courts-métrages Peel (1982) et Mishaps of Seduction and Conquest (1984), la réalisatrice multiplie les clins d’œil aux origines du cinématographe, avec des cartons et des polices vintage.

Les hommages de Campion célèbrent aussi, plus intimement, sa famille. Sweetie (1989), dont l’ouverture évoque son amour pour Frida Kahlo, est dédié à sa soeur, tandis que La Leçon de piano (1993) mentionne sa mère et Portrait de femme (1996) le nom de son fils disparu juste après sa naissance – toute une généalogie affective qui habite en secret ses films et cultive la mémoire des absents.

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Autre leitmotiv qui caractérise les préludes et épilogues de la réalisatrice : les typographies brodées, comme dans Bright Star (2009), où une aiguille tisse métaphoriquement le titre avec un érotisme ténu, et sert à introduire l’idée que le le travail manuel du textile prépare les épidermes au toucher sensuel.

Enfin, le générique chez Jane Campion est presque toujours immersif. Dans In the Cut (2003), c’est une surface érogène, une transe qui joue du flou et de la netteté, de la caresse du vent sur la peau de l’héroïne (Jennifer Jason Leigh).