ARCHIVE : quand Rainer Werner Fassbinder tente d’expliquer sa boulimie des tournages

« Il faudrait que je consulte un thérapeute pendant quelques années. » Pour la sortie de « Peter von Kant », on a déniché cette archive rare dans laquelle Fassbinder se livre sur son rapport frénétique à la réalisation.


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Du Clochard (1966) à Querelle (1982) en passant par Tous les autres s’appellent Ali (1974) et Le Mariage de Maria Braun (1979), Rainer Werner Fassbinder a réalisé en seize ans presque trente films, avant de mourir prématurément à l’âge de 37 ans d’une overdose.

Habitée par des histoires d’amour impossibles sur fond de lutte des classes, une satire toujours cruelle de la bourgeoise allemande hantée par son passé nazi, son œuvre prend aujourd’hui un éclairage nouveau avec le remake en forme d’hommage méta de François Ozon de son film Les Larmes amères de Petra von Kant (1972).

« Peter von Kant » de François Ozon

L’occasion de revoir cette archive dans laquelle le cinéaste est questionné sur sa boulimie des tournages. « Ce doit être une sorte de maladie mentale. J’ai comme un besoin urgent de raconter mes histoires. Je ne les raconte pas simplement pour être entouré. »

Il faut dire que Fassbinder, dans les années 1970, réalise aussi des téléfilms – dont le crépusculaire Berlin Alexanderplatz, adapté d’un roman d’Alfred Döblin – tout en jouant dans les films des autres (La Tendresse des loups, L’Ombre des anges). La voix grave, la présence ténébreuse, le réalisateur répond au journaliste : « Il faudrait que je consulte un thérapeute pendant quelques années. Là, on découvrirait sans doute deux ou trois petites choses qui expliqueraient mes motivations. »

À défaut de savoir si le réalisateur est allé consulter, on peut se replonger dans Les Larmes amères de Petra von Kant, variation sombre sur le tabou du désir et les hiérarchies sociales, avant (ou après, on vous laisse choisir l’ordre) être allé voir la version plus ludique et baroque de François Ozon.

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