« Cambodia 2099 » de Davy Chou
En 2014, Davy Chou avait réalisé ce court onirique, à la suite d’un voyage qu’il avait effectué au Cambodge, pays dont sa famille est originaire. Il précède la réalisation de son beau long métrage Diamond Island, sorti en 2018. Deux ans avant d’entamer le tournage du long-métrage, il filmait les rives de Phnom Penh, pour raconter l’amitié entre deux jeunes hommes qui, un jour, décident d’évoquer les rêves qui ont occupé leurs nuits…
Davy Chou : « J’étais obsédé par cette idée : Freddie comme un agent du chaos ! »
Le premier s’est imaginé voyager dans le futur, afin de se rendre sur l’île en 2099, convaincu que quelque chose de « différent » l’y attend. Persuadé que sa vision était prémonitoire, il va suivre un rituel bien précis : vêtu d’un pyjama rouge en plein jour, il va effectuer une danse sur la musique entendue dans son rêve au milieu d’une foule de passagers interloqués. Le second fait part à son ami d’un cauchemar plein de violence, et lui annonce qu’il va lui aussi faire un voyage, mais cette fois-ci bien réel. Il compte retrouver sa mère aux Etats-Unis, à la suite de l’obtention de son visa…
Sur fond de crise politique (la menace d’un coup d’état plane sur l’île), Davy Chou dresse le portrait d’une jeunesse en quête de réponse, dans un monde où les perspectives semblent bouchées. Avant de se transformer en paradis ultramoderne, l’île nous apparaît en plein chantier, dans toute sa rugosité. C’est la subtile et progressive bascule de la réalité abrupte du jour vers l’atmosphère vaporeuse de la nuit que Davy Chou filme. En peu de temps (environ vingt petites minutes), le cinéaste réussit à retranscrire la magie du lieu, en suivant les personnages et leurs déplacements en scooters. Il dissémine des éléments documentaires (les acteurs, parmi lesquels se trouve le cinéaste Kavich Neang, sont des amis du réalisateur, et le film a été improvisé en quelques semaines) pour en faire le terreau d’une envoûtante fiction en forme de diamant brut.