Au commencement était le corps. Celui que l’on expose dans chaque film, que Ridley Scott asperge d’eau lui-même pour une scène de sexe dans Thelma et Louise, devant lequel des fans anonymes comme Oprah Winfrey lâchent des cris stridents. Mais Brad Pitt pouvait-il être autre chose que ce corps-là, si parfait qu’il en devient un fardeau ?
Voilà la question que pose le très bon documentaire d’Adrien Dénouette et Thibaut Sève, disponible gratuitement sur la plateforme d’Arte. Ce corps, débarqué d’une petite ville religieuse du Missouri, a pourtant mis du temps à se faire remarquer, trimballé de seconds rôles en seconds rôles à la télévision.
C’est une publicité muette pour une marque de jean qui révèle Brad Pitt au cinéma. Toujours ce corps devant et dans lequel il vaut mieux se taire. Pour véritablement devenir acteur et être reconnu comme tel, le grand blond sans t-shirt devra le traîner dans la noirceur de Seven puis sous les coups des membres du Fight Club.
Richement illustré mais surtout très bien écrit, Brad Pitt – La revanche d’un blond fait de la filmographie de la star un reflet de ses atermoiements intérieurs, comme si l’acteur (et producteur) avait écrit ses mémoires en choisissant ses scénarios.