Raphaël : « J’aurais rêvé de danser avec Olivia Newton-John »

Récemment encensé par la critique pour son roman « Avalanche »(Prix Vaudeville 2023), le chanteur Raphaël retourne à son premier amour, la musique, avec un nouveau single « L’Espoir». Pour fêter la sortie du clip , il s’est prêté au jeu de notre questionnaire cinéphile.


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Décrivez-vous en 3 personnages de fiction. 

Je pense en premier au personnage de Jeff Bridge dans The Big Lebowski des frères Cohen, pour son côté bordélique, glandeur, et sa manière de toujours être “à la cool”. Dans un autre registre, il y a Larry David dans Curb Your Enthusiasm [sitcom sur la vie rocambolesque du producteur américain Larry David, ndlr]. Dans toutes ses gaffes, il est toujours de mauvaise foi et très ironique. Enfin, je pense à John Ferguson dans Sueurs froides d’Alfred Hitchcock  car malgré tout il est sensible, fragile. Ces trois-là forment un mélange qui me définit bien. 

3 scènes de films que vous aimeriez vivre ?

La scène de fin dans La Mort aux trousses (1959) où Cary Grant retrouve Eva Marie Saint dans un train. C’est une belle conclusion à ce film d’espionnage. Ensuite, la scène de décollage de la fusée dans Ad Astra car j’ai toujours rêvé d’aller dans l’espace. Puis, bien évidemment, Grease, pour n’importe quelle scène. J’aurais rêvé de danser avec Olivia Newton-John.

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Olivia Newton-John dans Grease

Un film à regarder en pleine insomnie, à 3h du mat’ ?

Stalker d’Andreï Tarkovski. Ce n’est pas que je n’aime pas mais ça m’endort instantanément. Je suis incapable de le regarder en entier, il faudrait que je le vois en une quinzaine de fois. 

3 films que vous avez fait découvrir à vos enfants ? 

En premier, Pulp Fiction de Quentin Tarantino, c’est un indispensable. Puis on les a emmené au cinéma voir Mamma Roma (1968) de Pasolini [deuxième long métrage du réalisateur, il raconte le parcours d’une prostituée qui décide de se consacrer à l’éducation de son fils, ndlr]. Alors là, ils nous en ont voulu ! Ils se sont tellement ennuyés. Mais on s’est bien rattrapé avec Vol au-dessus d’un nid de coucou (1976) de Milos Forman, qu’ils ont adoré.

3 rôles tenus par des chanteurs que vous adorez ? 

De manière générale, je trouve que les chanteurs ne sont pas de bons comédiens. Elvis était mauvais. Mick Jagger était épouvantable. Mais j’ai beaucoup aimé Yves Montand et Serge Reggiani dans Vincent, François, Paul… et les autres (1974) de Claude Sautet. C’est une histoire de copains [des amis d’enfance mènent une vie tranquille jusqu’au jour où l’un d’eux fait une crise cardiaque, ndlr], qui est vraiment très belle et le duo Montand-Reggiani est merveilleux.

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David Bowie dans Furyo, 1983

Puis, il y a bien évidemment David Bowie dans Furyo. Ce film est magnifique. Pourtant je ne peux pas dire que la performance de Bowie soit à couper le souffle. Il est déjà tellement charismatique,  c’est un personnage à part entière. Alors il est difficile de l’oublier au profit de son rôle dans le film.

3 films qui vous rendent mélancolique ? 

Short Cut (1994) de Robert Altman. C’est une superbe adaptation de plusieurs nouvelles de Raymond Carver [où une vingtaine de personnages se croisent et traversent les aléas et les drames de la vie new-yorkaise des années 1990, ndlr]. Toutes les histoires qui y sont racontées sont très émouvantes et fortes, et j’aime bien ce que ça dit de la vie des gens. 

Elephant Man (1980) de . C’est un récit primitif, touchant. Plastiquement, c’est très beau. Enfin, je dirais le dessin-animé Nemo. Ce n’est pas ce que ça raconte qui me rend mélancolique, mais je suis très nostalgique du temps où je pouvais regarder ce genre de films avec mes enfants.

3 films qui vous redonnent espoir ? 

Il y a La Famille Tenenbaum (2001) de Wes Anderson. Ça raconte l’histoire d’une famille dysfonctionnelle mais qui en réalité est pleine d’amour. C’est un récit qui me touche. Pour les mêmes raisons, Une histoire vraie (1999) de David Lynch. C’est sur deux frères qui se font la gueule depuis des années – ils ne savent même plus vraiment pourquoi – et qui finissent par se retrouver. 

En dernier, je dirais Le Privé d’Altman (1973) [dans lequel deux amis se retrouvent dans la tourmente après que la femme de l’un d’eux a été assassinée, ndlr]. Le sujet n’est pas très drôle mais j’adore ce film, il est tellement émouvant. 

3 B.O. de films que vous vous repassez en boucle ? 

Sans hésiter : celle de Taxi Driver par Bernard Herrmann. C’est un chef d’œuvre absolu. Je m’en inspire pour ma musique. Quand je dois arranger des sons, je réécoute les orchestrations qu’il a mis au point pour les films d’Hitchcock, la manière dont il travaille les cuivres, les harmonies. Ça m’inspire. Il y a aussi celle d’Ad Astra par Max Richter et bien évidemment celle du Lauréat par Simon and Garfunkel.

Puisqu’on parle de bande originale, j’ai composé celle du prochain film de Thomas Bidegain, Soudain seul qui sort en décembre prochain. [Raphaël a également composé la musique du précédent long-métrage du réalisateur, Les Cowboys, en 2015, ndlr].

Puisque votre roman Avalanche parlait de l’adolescence, quels sont les 3 films qui selon vous dépeignent le mieux cette période ?

Je pense à Armageddon Time de James Gray. Il traite de l’enfance et de l’adolescence d’une très belle manière et ça m’a bouleversée. Sinon, dans un autre genre, Morse de Tomas Alfredson (2009). C’est une histoire de vampires avec deux pré-ados. Il y a un vrai jeu avec la transformation des corps et je vois ça comme une métaphore intéressante sur l’adolescence.

« Armageddon Time » : la comète James Gray a encore frappé

Puis, L’Incompris (1968) de . Le scénario ressemble beaucoup à mon livre Avalanche avec ces deux frères qui viennent de perdre leur mère et qui doivent apprendre à vivre avec ce deuil. C’est un mélo mais c’est magnifique.

3 réalisateurs avec lesquels vous aimeriez travailler pour un prochain clip ?

Ce n’est pas une question que je me pose souvent ! Mais si je dois y répondre, je dirais : Paul Thomas Anderson, pour la simple raison que c’est Paul Thomas Anderson. Puis Wes Anderson, car j’adore son travail. Et enfin, Roy Andersson, comme ça, ça me fait trois « Anderson ». Si les deux premiers disent non, le troisième finira bien par accepter !