3 personnages de film qui vous inspirent ?
Bili L’arme à l’œil : Josiane Balasko dans Gazon Maudit (1995), parce qu’une butch au cinéma, c’est quand même rare. Le Dr Frank-N-Furter dans The Rocky Horror Picture Show de Jim Sharman (1975).
Tony Blanquette : Il y a une confusion des genres totale, et il assume une certaine virilité en porte-jartelle. C’était quand même en 1975, c’est beau. Et puis Thelma et Louise dans le film de Ridley Scott (1991), la liberté absolue, la sororité. C’est deux femmes qui vont jusqu’au bout dans une société machiste où elles s’en prennent plein la gueule quand même.
3 scènes de comédies musicales que vous connaissez par cœur ?
Tony Blanquette : La scène d’adieu dans Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy (1964). Toutes les deux, on l’a vu au moins 25 fois et on pleure à chaque fois.
Bili L’arme à l’œil : Moi je ne peux plus la voir. C’est sublime mais tellement triste en même temps. C’est l’amour impossible, c’est terrible de passer à côté de sa vie.
Tony Blanquette : Ce film est absolument terrifiant, parce que c’est le Technicolor absolu, mais aussi les filles mères, les mères abusives, la guerre d’Algérie, l’amour déçu, la vieillesse dans la solitude…
Les deux : C’est effroyable comme film, on l’adore [rires].
Bili L’arme à l’œil : Après il y a le tango de Roxane dans Moulin Rouge de Baz Luhrmann (2001), parce que c’est quand même iconique comme moment. Et Je n’aime que toi dans Les Chansons d’amour de Christophe Honoré (2007). Je crois que je les connais toutes par cœur. Ça a vraiment bercé mon adolescence ce couple à trois.
Vos 3 scènes de cabaret préférées au cinéma ?
Bili L’arme à l’œil : All That Jazz dans Chicago de Rob Marshall (2002)
Tony Blanquette : Oui, c’est un tour de force. C’est à la fois une scène de cabaret et à la fois la vie dans les coulisses. Le 3, 2, 1, 0… Elle n’est même pas habillée, elle fume une clope et elle doit monter sur la plateforme. C’est ce qu’on vit en fait ! Chez Madame Arthur, on est toujours dans l’urgence. On n’est pas forcément préparées mais il faut y aller quand même.
Bili L’arme à l’œil : La scène finale de La La Land de Damien Chazelle (2016), qui est hyper émouvante. Pendant le film, en soi, on s’est un peu ennuyées, mais cette scène-là rattrape le tout. Et Victor Victoria de Blake Edwards (1982), quand l’héroïne a les deux rôles en même temps, celui de l’homme et de la femme.
3 costumes de film que vous rêvez de porter ?
Bili L’arme à l’œil : Celui de Ruby Rhod, l’animateur dans Le Cinquième Élément de Luc Besson (1997).
Tony Blanquette : Mais oui, Chris Tucker [qui incarne Ruby Rhod, ndlr], formidable ! J’ai appris il y a peu de temps que le rôle était normalement destiné à Prince et il a refusé. Donc Chris Tucker, qui était un grand fan de Prince, a repris le rôle. Et justement, le costume de Prince dans Purple Rain d’Albert Magnoli (1984) qui arrive à incarner la virilité en dentelles et en chemise à jabot.
Bili L’arme à l’œil : Marilyn Monroe dans sa robe rose incroyable, que Pomme d’Amour incarne parfaitement au cabaret Madame Arthur, mais c’est une autre histoire. Elle incarne une Marilyn lesbienne, c’est incroyable. Et Trinity dans la saga Matrix des sœurs Wachowski, dans un genre un peu plus badass.
3 artistes qui devraient avoir leur biopic ?
Bili L’arme à l’œil : Bambi, une icône. La première femme trans qui chantait chez Madame Arthur dans les années 1940, bien avant nous. Elle a un parcours assez dingue. Elle a fini prof de français à passer son CAPES, après avoir fait dix ans de cabaret [le documentariste français Sébastien Lifshitz lui a consacré un film en 2013, Bambi, ndlr].
Tony Blanquette : David Bowie aussi. C’est étonnant parce qu’il y a eu des biopics sur Freddie Mercury, Elton John mais pas encore David Bowie. Mis à part Velvet Goldmine de Todd Haynes (1998), mais qui était une fiction et il leur a fait un procès.
Bili L’arme à l’œil : La chanteuse Eartha Kitt, une figure de la pop culture avec une personnalité hyper forte à qui on ne pense pas souvent. Elle a eu une vie de dingue.
3 créatures fictives de cinéma qui vous captivent ?
Tony Blanquette : Mystique dans la saga X-men. C’est notre choix art et essai [rires.] Badass, peau bleu, écaille et puis cette fluidité de genre, de personnage même… On ne sait pas qui elle est.
Bili L’arme à l’œil : , qu’on adore !
Tony Blanquette : Et le personnage de Béatrice Dalle dans le film Trouble Every Day de Claire Denis (2001). Cette femme qui aime beaucoup faire l’amour avec de jeunes hommes et qui finit par les manger. C’est à la fois répugnant et fascinant !
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3 maquillages de cinéma que vous aimeriez reproduire ?
Bili L’arme à l’œil : Les maquillages de Stéphanie Hsu dans Everything Everywhere All At Once des Daniels (2022). Elle est absolument extraordinaire dans tous ses makeups, ses costumes hyper inspirants. Complètement dans notre créneau. Raya Martini dans Les Démons de Dorothy d’Alexis Langlois (2021) avec toutes ses prothèses, c’est assez délirant. C’est à la fois futuriste et hyper contemporain avec la chirurgie esthétique, super intéressant.
Tony Blanquette : Robin Williams dans Mrs Doubtfire, c’est la classe incarnée, on est d’accord ?
Le film qui vous a fait vibrer à 13 ans ?
Bili L’arme à l’œil : Big Fish de Tim Burton (2003). J’adore le côté conte, le côté transmission. Je suis assez effrayée par la mort, mais je trouve qu’il y a un apaisement par rapport à ça dans le film. Avec tous ses personnages, il montre comment quand on raconte des histoires, on transforme, on magnifie la réalité. C’est intéressant ce discours quand on est artiste.
Tony Blanquette : Stargate de Roland Emmerich (1994) pour l’esthétisme, le mystère, l’égyptologie… Et puis le grand méchant, Jaye Davidson, cette incroyable actrice trans qui jouait dans The Crying Games de Neil Jordan (1992).
Bili L’arme à l’œil : Et puis évidemment Le Roi Lion (1994).
L’univers du film dans lequel vous aimeriez passer 3 jours ?
Bili L’arme à l’œil : Le Voyage de Chihiro d’Hayao Miyazaki (2001) bien sûr. Les films de Tim Burton, mais pas moi parce que je suis terrifiée par le personnage d’Edward aux mains d’argent.
Tony Blanquette : Les films de Baz Luhrmann, parce qu’on aime la sobriété.
Bili L’arme à l’œil : Ceux de Wes Anderson aussi. On y avait pas pensé mais ça doit être génial. Moonrise Kingdom (2012), c’est sublime.
3 films queer que tout le monde devrait voir ?
Tony Blanquette : Shortbus de John Cameron Mitchell (2006) !
Bili L’arme à l’œil : Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma (2019), un chef-d’œuvre. Seule la joie d’Henrika Kull (2021). L’histoire de deux femmes qui se rencontrent dans une maison close, c’est vraiment magnifique.
Tony Blanquette : Et si on veut être un peu intellectuel : M. Butterfly de David Cronenberg (1993) qui a fait bouger certaines lignes quand même.