Au fil de sa filmographie, de Monsieur Schmidt (2003) à Nebraska (2014), le très Américain Alexander Payne filme la vieillesse masculine et son contrecoup dépressif, spectacle tout à la fois drôle et pathétique.
Vingt ans après avoir dirigé Paul Giamatti dans Sideways (2005), il invite de nouveau l’acteur dans son cinéma en lui offrant le rôle de M. Hunham, professeur tyrannique choisi pour surveiller les élèves d’un internat laissés au ban des vacances de Noël. Choix peu goûté par Angus (Dominic Sessa, une révélation), pensionnaire brillant mais unbrin cynique. Tous deux vont devoir cohabiter, sous l’œil amusé de la cuisinière, Mary (Da’vine Joy Randolph).
Au tour de force démonstratif, Payne privilégie une concision désormais peu habituelle outre-Atlantique. Et s’il semble si harmonieux, outre un décor façon maison de poupée qui illustre le souvenir d’enfance, c’est que le film épouse patiemment la courbe émotionnelle de ses personnages. Par une suite d’accidents ténus, de politesses timides, de petits riens échangés au coin du feu, Winter Break trouve sa voie, plus fragile encore qu’un battement de cœur. Et bouleverse presque sans crier gare, tant la science du détail s’y épanouit, toujours au service d’une vraie poésie du quotidien.
Winter Break d’Alexander Payne, Universal Pictures (2h13), sortie le 13 décembre.