« Voyages en Italie » de Sophie Letourneur : un road-trip conjugal doux-amer

[Critique] Sophie Letourneur revient, après son comique (et décrié) « Énorme » , avec un long-métrage aux allures de docu, où elle se filme sur les routes de la Sicile en compagnie de Philippe Katerine. Une promenade crue, hyperréaliste, loin de la grande aventure rêvée.


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Une femme et un homme, tous les deux quadra (voire quinqua), dans un bus parisien, posés contre la fenêtre, visages à demi-masqués. Proches, mais pas trop. Ils sont en couple, mais pas depuis toujours. Ils discutent, dissertent. Cherchent la destination de leur prochaine escapade en amoureux, sans enfant. Elle (Sophie Letourneur, devant et derrière la caméra) veut aller en Espagne, lui (Philippe Katerine, inégalable dans son genre) préfère l’Italie, pays qu’il a déjà sillonné de long en large avec ses ex. Il serait bien resté sinon sur Paris, dans leur appart et leur petite vie bien rangée. Mieux vaut « chercher l’extraordinaire dans l’ordinaire », dit-il. Ils optent finalement pour la Sicile, un entre-deux mou et flou. Voyages en Italie, sélectionné au Festival de Rotterdam, raconte un petit périple avec tous ses moments anodins, façon docu.

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Caméra artisanale, brouhaha ambiant, pas de maquillage, lumière brute. On observe le duo s’extasier devant des cannoli, boire une limonata, chercher en vain un hôtel adéquat, feuilleter le Routard, se battre contre des moustiques, hésiter entre un volcan et une Vespa, une baignade salée avant l’avion ou non. Hyperréaliste et identificatoire. Il y a là quelque chose de saisissant et d’effrayant de se voir à l’écran. Jamais parfait, ni extatique. Donc drôle.

Voyages en Italie, de Sophie Letourneur, Tourne Films (1h31), sortie le 22 mars

Image (c) Météore Films

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