« Vermines » : Sébastien Vaniček tisse sa toile dans le film de genre français

[CRITIQUE] Le cinéma français continue de reconquérir le cinéma de genre avec ce film d’épouvante à la distribution excitante (Théo Christine, Finnegan Oldfield, Sofia Lesaffre) à propos d’araignées tueuses envahissant un immeuble de cité. Un premier long aussi spectaculaire que jubilatoire.


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Alors que le cinéma français a prouvé en 2023 qu’il savait offrir des films fantastiques de qualité (comme Le Règne animal ou Vincent doit mourir), Vermines assume la carte d’un pur cinéma d’horreur auquel il apporte une tonalité très personnelle. Sébastien Vaniček, dont c’est ici le premier long métrage, ose se frotter à des références américaines comme Arachnophobie (Frank Marshall, 1991) ou Gremlins (Joe Dante, 1984) et faire écho à L’Exorciste de William Friedkin (1974) dès l’ouverture, dans laquelle un mystérieux terrier est recherché dans un désert ensoleillé.

Dans la séquence suivante, la caméra plonge dans une cité française pour suivre Kaleb (Théo Christine), jeune homme désinvolte vivant de trafic de chaussures qui fait l’acquisition d’une petite araignée. Une effrayante multiplication de bestioles tueuses infeste alors tout l’immeuble et génère le chaos. Le réalisateur ne se contente pas de laisser grouiller la terreur, mais prend le temps de dresser avec réalisme le portrait de plusieurs habitants de l’immeuble.

Tandis que la sœur de Kaleb veut vendre l’appartement familial pour couper avec le passé, lui souhaite rester dans ce cocon protecteur. Autour de ce conflit – sur lequel plane le douloureux deuil récent de la mère – gravite une galerie d’amis et de voisins aux répliques drôles et tranchantes, le tout incarné par une distribution excellente (Lisa Nyarko, Finnegan Oldfield, Sofia Lesaffre, Jérôme Niel…).

Soucieux de faire de Vermines le film le plus immersif possible, le réalisateur nous piège dans ce décor cauchemardesque grâce à une mise en scène vertigineuse, nous enfermant dans des espaces confinés et sans issue (comme une cabine de douche ou un corridor recouvert de toiles d’araignée). Une façon aussi de souligner l’impossibilité des personnages de se libérer des stéréotypes dans lesquels la société les a emprisonnés.

Touchant et suffocant, Vermines conclut en apothéose une année durant laquelle le cinéma de genre hexagonal aura décidément mis tous nos sens en éveil.

Vermines de Sébastien Vaniček, Tandem (1h43), sortie le 27 décembre.