« The Fabelmans » : la genèse éclatante d’une immense œuvre de cinéma

Steven Spielberg, qui fêtera ses 77 ans cette année, ose enfin s’engager dans un film qui le hante depuis la fin des années 1990 : un film sur sa découverte du cinéma, mais aussi sur les joies et les drames d’une enfance qui a nourri son œuvre monumentale.


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Il serait tentant de réduire The Fabelmans à un projet égocentrique. Et pour cause : cette fable relève, pour Spielberg, d’un désir de sublimer sa propre naissance artistique, d’« imprimer la légende » comme le dit Ransom Stoddard dans L’Homme qui tua Liberty Valance de John Ford, film dont l’affiche est mise en avant dans un final réjouissant qu’il serait criminel de révéler ici. Seulement voilà : The Fabelmans peint un portrait trop nuancé du jeune Spielberg et des siens, réserve trop de parts d’ombre et de questions laissées en suspens pour que cet expédient critique ne soit pleinement satisfaisant. La raison d’être première de The Fabelmans est tout entière contenue dans son récit : filmer des histoires de transmission pour mieux partager son amour du cinéma.

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En racontant ses parents, Steven Spielberg explore les deux moteurs de son œuvre : l’instinct émotionnel d’une sensibilité exacerbée de sa mère et le pragmatisme cartésien de son père. Deux énergies a priori aux antipodes et instigatrices de conflits (The Fabelmans est aussi le récit du divorce de ses parents) que le jeune homme tente de comprendre et de (ré)concilier dans sa passion pour le cinéma. Comme E. T. recollant des jouets cassés pour rejoindre les siens ou Indiana Jones rassemblant des artefacts antédiluviens pour réveiller les mythes endormis, Spielberg réunit ses souvenirs épars pour rappeler d’où il vient et nous faire comprendre qui il est.

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The Fabelmans est truffé de références à sa foisonnante œuvre passée, faisant de ce film à la fois un legs et une clé. Quand bien même on souhaite au cinéaste de poursuivre son œuvre le plus longtemps possible, et avec la vigueur dont il a fait preuve dans ses dernières réalisations, force est de constater qu’il y a quelque chose de l’œuvre testament dans ce film tour à tour poignant et exaltant.

The Fabelmans de Steven Spielberg, Universal Pictures (2 h 31), sortie le 22 février

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