En complément de l’intégrale du cinéaste iranien programmée au Centre Pompidou dans le cadre de l’exposition « Où est l’ami Kiarostami ? », Carlotta Films et MK2 Films proposent une sélection de « Chefs-d’œuvres et raretés » à revoir sur grand écran à partir du 2 juin. Au total, 10 films et 7 courts-métrages en version restaurée seront visibles. De quoi découvrir, ou réviser, la filmographie méditative et expérimentale de cette icône du cinéma iranien post-révolutionnaire.
On débute avec La Trilogie de Koker, formée par Où est la maison de mon ami ? (1987), Et la vie continue (1991) et Au travers des oliviers (1994). Ce triptyque prend pour décor commun le petit village de Koker, situé au nord de l’Iran. Chaque film, même s’il peut être vu indépendamment, est lié au précédent par un effet de mise en abyme déroutant, qui conduit le spectateur à repenser la frontière entre fiction et réalité.
Dans Où est la maison de mon ami ?, Kiarostami filme Ahmad, un petit garçon parti à la recherche de son ami Nematzadeh pour lui rendre son cahier – et lui éviter ainsi d’être renvoyé de l’école. En chemin, il se cogne au silence des adultes, à leurs exigences contradictoires, avant qu’une rencontre généreuse et philosophique avec un vieillard ne transforme le film en conte onirique traversé d’ombres… Dans Et la vie continue (1991), Kiarostami tente de retrouver les deux enfants qui jouaient dans Où est la maison de mon ami ?, après le tremblement de terre qui a ravagé le nord-ouest de l’Iran en 1990, tandis qu’Au travers des oliviers, qui suit les aventures d’une équipe de tournage après ce même tremblement de terre, questionne l’éthique du métier de réalisateur, le regard parfois emprisonnant porté sur les acteurs.
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Un deuxième cycle important sera consacré à l’enfance chez Kiarostami, cinéaste naturaliste qui plaçait souvent sa caméra à hauteur des jeunes acteurs amateurs avec qui il travaillait. Partant d’une situation anecdotique, d’un point de départ presque naïf, Kiarostami filme l’errance d’enfants encore soumis au hasard de la vie, délestés des normes de la société iranienne rigide.
Dans Le Choeur (court-métrage, 1982), ce sont deux petites-filles qui tentent de communiquer poétiquement avec leur grand-père malentendant; dans Le pain et la rue (court-métrage, 1970), c’est un garçon qui rentre chez lui et cherche à contourner un chien qui lui barre la route, dans Récréation (court-métrage, 1972), un autre essaye de transporter le ballon avec lequel il a brisé une vitre dans son école, dans Expérience (1973), un apprenti photographe traverse le village pour retrouver l’objet d’un amour fantasmé…
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Enfin, on pourra revoir en salles un cycle thématique dédié à l’école. Pour le cinéaste iranien, l’école brasse des problématiques sociales, accentue des inégalités cruelles, mais elle est aussi un lieu de passage et de transmission incarnée par la figure presque héroïque du professeur. Parmi cette riche sélection de courts-métrages pédagogiques et ludiques (Cas n° 1, Cas n° 2, Devoirs du soir; Hommage aux professeurs, Les Élèves du cours préparatoire, Moi aussi, je peux, Ordre ou désordre, Le Concitoyen), on vous conseille particulièrement Deux solutions pour un problème (court-métrage, 1975).
Dans ce court-métrage ludique, Nader rend à l’un de ses ami un cahier dont il a par mégarde déchiré la couverture. Deux solutions s’offrent au malheureux propriétaire : se venger, ou chercher une solution avec son camarade. Prenant pour point de départ une situation banale, Kiarostami détricote habilement le noeud d’un conflit moral universel : faut-il se venger ou réparer ? La violence appelle-t-elle toujours la violence ? Au passage, il démontre son aisance à diriger des enfants, dont il saisit l’étrange rapport au monde, à la fois brutal et naïf.
Le programme complet, en salles dès le 2 juin dans les cinémas mk2 :
Où est la maison de mon ami ? (1987)
Et la vie continue (1991)
Au travers des oliviers (1994)
Le Costume de mariage (1976) +Le Choeur (court-métrage, 1982)
Le Passager (1974) +Récréation (court-métrage, 1972)
Expérience (1973) +Le pain et la rue (court-métrage, 1970)
Deux solutions pour un problème (court-métrage, 1975) +Cas n° 1, Cas n° 2(1979)
Devoirs du soir (1989) +Hommage aux professeurs (court-métrage, 1977)
Les Élèves du cours préparatoire (1985) +Moi aussi, je peux (court-métrage, 1975)
Ordre ou désordre (1980) +Le Concitoyen (court-métrage, 1983)