Réouverture des cinés : On a vu « Mandibules » à 8h00 du matin avec l’équipe du film

« Ce film c’est un peu comme un bébé qui serait resté coincé. »


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8 heures tapantes, grand soleil aux abords du mk2 Bibliothèque. Fermé depuis sept mois, le cinéma rouvre pour la première fois ses portes. La file d’attente dehors en témoigne : les spectateurs avaient précieusement noté le rendez-vous – même les frileux du réveil matinal.

Aujourd’hui, pas de métro-boulot-dodo. Plutôt un marathon « ciné-boulot-ciné », qui débute par un film de circonstance, taillé sur mesure pour chasser les semaines mornes passées entre quatre murs : Mandibules.

Un trip loufoque et grotesque sur deux potes un peu simplets qui décident de domestiquer une mouche géante, par le champion français du non-sens, .

60881c29 718c 44e1 826a 7035d127a7d5 20210519 075539Quentin Dupieux : « J’avais envie de faire un film vraiment con »

Le réalisateur a fait le déplacement pour présenter son film lors d’une séance exceptionnelle. Programmé dans deux salles avec 1/3 des jauges, conformément au protocole sanitaire, le film fait carton plein.

Il y a comme un air de première fois retrouvée, un sentiment de chez-soi intact – à peine arrivé, Quentin Dupieux fait un tour au pop-up store de Demon Slayer, sublime animé japonais que les spectateurs pourront redécouvrir cette semaine au mk2 Bibliothèque.

Les plus audacieux se risquent à enfourcher le vélo grimé en licorne qui traîne dans le coin – l’animal totem d’, actrice du film également présente pour l’événement – tout en recevant des macarons de la Maison Mulot distribués à l’entrée.

David Marsais et Grégoire Ludig, duo du Palmashow, débarquent dans la première salle après qu’Elisha Karmitz, directeur des cinémas mk2 (société éditrice de TROISCOULEURS), a confié son émotion de retrouver le public.

Grégoire Ludig est plus prudent : « J’attends le générique pour dire ouf, ça sort ! ». La présentation ubuesque annonce la couleur du film à venir : « On a pas l’habitude des séances du matin, d’habitude c’est le soir et on est bourrés » lance le Palmashow, à qui la sobriété va plutôt bien.

Ça fait bizarre de voir des humains

Adèle Exarchopoulos enchaîne sur cette ambiance bon-enfant en donnant à la séance des airs de retrouvailles cinéphiles : « Ca va vous ? J’ai envie qu’on petit-dej ensemble tellement ça fait bizarre de voir des humains ».

Le public semble carrément réceptif à l’idée : dans la salle, un converti de la première heure a ramené ses totems, un DVD d’Au Poste et une photo d’Adèle.

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Le petit-dej sera pour plus tard. Dans la deuxième salle, une deuxième horde de spectateurs attend le lancement du film, et a droit à son tour à son lot de vannes. « 35% de jauge ? Tu veux la faire la blague sur le Rassemblement National? » lance le Palmashow. Les initiés comprendront, les autres devineront entre les lignes.

Fini de parler politique, Quentin Dupieux revient à son terrain de prédilection, le non-sens, et ose la métaphore (« Ce film c’est un peu comme un bébé qui serait resté coincé ») avant de demander qui a déjà vu le film en téléchargement. Bravo à l’unique spectateur qui s’est courageusement dénoncé en levant la main.

Après la séance, on emporte avec nous les décors baignés de soleil du film et son humour ravageur – un shot d’intelligence et de rire qui a agit comme le meilleur des réveils. Mais aussi cette phrase lâchée par Grégoire Ludig, qui sous ses airs ironiques se teinte d’une certaine force au moment où les salles de cinéma renaissent : « C’est quasiment un acte politique de venir voir un film à 8h, bravo ! ».

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