« Nomadland » de Chloé Zhao : un road-trip crépusculaire

Un road-trip au chevet des personnes oubliées de l’Amérique.


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Fern (Frances McDormand), sexagénaire revêche d’une bourgade minière sinistrée du Nevada, se voit jetée sur la route par la déliquescence conjuguée des systèmes bancaires, immobiliers et de retraite. Entrepôts Amazon, champs de betteraves et parcs nationaux forment le cadre tantôt somptueux, tantôt maussade de son errance, au volant du van dans lequel elle s’est installée. Une radiographie sinueuse qui se déploie en une galerie de personnages déglingués rencontrés en bord de route : malades du cancer en bout de course, jeunes gens en rupture, bobos au bout du rouleau. 

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Avant d’être un film, Nomadland est d’abord l’adaptation d’une enquête éponyme de la journaliste Jessica Bruder, qui dénonçait, en 2017, la précarisation et le nomadisme forcé d’un nombre croissant de personnes à la retraite aux Etats-Unis. Sensible à l’ouvrage, la comédienne Frances McDormand a ensuite passé commande auprès de la cinéaste sino-américaine Chloé Zhao, autrice de deux fictions prometteuses, à la fibre sèche et élégiaque, Les chansons que mes frères m’ont apprises (2015) et The Rider (2017).

Cette redécouverte de l’Ouest américain s’ancre dans un territoire mainte fois arpenté, tant par le western que par un cinéma à dominante sociale : l’épure de la mise en scène nous dispense toutefois d’une complaisance doloriste prompte à traquer la moindre larmichette. Inspiré, le film a ému en hauts lieux et recueilli, au passage, trois oscars mérités, meilleur film, meilleure réalisation, meilleure actrice ainsi qu’un lion d’or à Venise.  – Clémentine Gallot

Nomadland de Chloe Zhao, 1h48, en salles le 9 juin

Image : Copyright SEARCHLIGHT PICTURES