Maxine Minx (Mia Goth, impériale) apparaît presque comme on l’a quittée à la fin de X : dans une vidéo d’archive, sous les traits d’une enfant modèle, fille d’un pasteur très intense qui lui inculque son entêtant mantra, « I will not accept a life I do not deserve ». Quelques décennies plus tard, chevelure blonde, vedette de films pour adultes à la détermination sans faille et rescapée du massacre de la ferme texane, elle compte bien mettre l’industrie du cinéma à ses pieds. Après avoir décroché le rôle principal dans la suite d’un film d’horreur qui a fasciné l’Amérique, elle s’apprête à s’élever au rang très convoité de movie star… À condition de réussir à se défaire de son passé qui menace de la rattraper, et d’échapper à un tueur en série fou qui cible les étoiles montantes…
On ne boude pas notre plaisir devant ces retrouvailles avec Maxine Minx, cette fois dans un film noir à l’esthétique néon, citant tour à tour Mulholland Drive de David Lynch, Paris, Texas de Wim Wenders ou même Somewhere de Sofia Coppola (en version cauchemardesque). Revisitant les codes du slasher et du giallo dans des séquences gore sensationnelles, Ti West poursuit son étude fine du star-system hollywoodien à travers le portrait d’héroïnes qui ne reculent devant rien (Pearl dans l’opus précédent, Maxine ici).
Mais c’est aussi le puritanisme religieux des États-Unis – qui trouve son apogée dans les années 1980 en réponse au développement de Hollywood – que le cinéaste pointe du doigt. Refusant de se plier à une quelconque convention et de se laisser contrôler par la bien-pensance, Maxine opère sa dernière mue pour mieux briller. Et si ce film raconte bien l’éclosion d’une icône (dans le sang et la douleur), il est aussi la confirmation – s’il en fallait encore une – que, à l’image d’Ari Aster ou de Jordan Peele, Ti West est un nouveau grand nom du cinéma d’horreur américain.
MaXXXine de Ti West, Condor (1 h 41), sortie le 31 juillet
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