« Illusions perdues » : euphorie balzacienne

En adaptant Balzac, Xavier Giannoli décrit la collusion entre la presse, le monde politique et la finance. Et trouve un habile équilibre entre reconstitution d’époque, modernité du propos et fascination pour le cinéma de gangsters.


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Illusions perdues a remporté le prix du Meilleurs costumes, du meilleur décor, de la meilleure photographie, de la meilleure adaptation à la cérémonie des César 2022. a remporté le prix du meilleur espoir masculin. Vincent Lacoste celui du meilleur acteur.

Jeune poète animé de grandes espérances, Lucien de Rubempré (Benjamin Voisin) quitte sa province natale pour tenter sa chance à Paris. Il va découvrir un monde où journalisme, littérature, commerce et politique s’entrechoquent cyniquement, au point de brûler les âmes et les sentiments… En adaptant le célèbre roman d’Honoré de Balzac (et principalement la partie « Un grand homme de province à Paris »), Xavier Giannoli confirme, après Marguerite, son goût des reconstitutions historiques soignées et souligne la modernité de ce récit situé au XIXe siècle.

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Le personnage de Lucien se frotte ainsi à un système économique dans lequel les petits journaux et les annonceurs publicitaires forment une dangereuse bulle spéculative, manière pour le cinéaste de renvoyer à la prolifération actuelle des fake news et aux conflits d’intérêts entre certains médias et leurs actionnaires. Grâce à un casting où brillent Vincent Lacoste, Xavier Dolan ou Jean-François Stévenin, Giannoli offre à cette histoire d’ascension et de chute une flamboyante vélocité qui rappelle plusieurs films de son maître Martin Scorsese, comme Casino. Car c’est bien un univers de gangsters qui se cache en dernier ressort sous cette virevoltante adaptation.

Illusions perdues de Xavier Giannoli, Gaumont (2 h 29), sortie le 20 octobre.

Image (c) Copyright Roger Arpajou