« Fumer fait tousser » : Quentin Dupieux déraille encore (et c’est jubilatoire)

C’est le film le plus fou de l’année. Le plus bizarre aussi. Mais aussi peut-être l’un des plus justes sur l’état flippé du monde. Improbable ? Non, car il est signé Quentin Dupieux. Pour son deuxième opus de 2022, le réalisateur nous raconte des histoires. Et on en redemande.


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Après les affres du temps et du couple dans Incroyable mais vrai, improbable fable fantastique profondément mélancolique sortie en juin, Quentin Dupieux revient déjà, toujours armé d’un casting de luxe et d’un pitch déroutant. Dans Fumer fait tousser, Gilles Lellouche, Anaïs Demoustier, Vincent Lacoste, Jean-Pascal Zadi et Oulaya Amamra sont les Tabac Force, des super-héros façon Bioman qui combattent des monstres et font de la prévention antitabac. Absurde ? Ce n’est que le début.

Décryptage : petit récit du non-sens au cinéma

Fausse série Z, ce Dupieux nouveau est un précipité tordu et tordant de l’époque qui part dans tous les sens – surtout celui que l’on n’attend pas. Un film plein d’autres films, comme un livre de contes pour adultes, une soirée au coin du feu, où l’on se raconterait des histoires qui font peur. On y croise ainsi ces fameux super­héros super déprimés – obligés par leur mentor, un rat interprété par Alain Chabat, de faire une retraite pour muscler leur esprit d’équipe –, mais aussi des vacances entre amis qui dégénèrent en film d’horreur (hilarant et cinglant pastiche avec Grégoire Ludig, , Doria Tillier et Jérôme Niel), une petite fille inquiétante, un frigo d’un nouveau genre, un méchant bien décidé à faire sauter la planète (Benoît Poelvoorde), Blanche Gardin face à une déchiqueteuse (sommet d’absurde rigolo dégueu), tout un tas de personnages et d’histoires qui commencent, s’arrêtent, repartent, calent, dérapent en prenant constamment le spectateur à contre-pied.

Anti-film algorithmique, Fumer fait tousser n’est jamais sur des rails et offre la jubilation – comme souvent avec Dupieux – de voir un film inattendu, iconoclaste et généreux. Un faux n’importe quoi brillamment orchestré qui saisit, dans ses virages soudains, ses abîmes de solitude et ses sursauts de gore quelque chose d’un d’épuisement à vivre dans un monde où plus rien n’a de sens. Un drôle de cinéma inquiet pour apprivoiser le chaos.

Fumer fait tousser de Quentin Dupieux, Gaumont (1 h 20), sortie le 30 novembre