Aux classiques Valse avec Bachir et Persepolis, dans la liste des grands films d’animation historico-personnels, il faudra désormais ajouter Flee. Le long métrage du Danois Jonas Poher Rasmussen donne la parole à un des amis du cinéaste, Amin (dont le prénom a été changé), 36 ans, universitaire au Danemark, en passe de se marier avec Kasper, un réfugié afghan ayant fui la prise de pouvoir des talibans au début des années 1990. Grâce à une superbe 2D réaliste, qui confine parfois à l’abstraction quand les souvenirs se font plus incertains et difficiles, Flee est le témoignage d’un homme parmi la multitude des candidats à l’exil.
Une histoire pour universaliser la violence, la peur, la solitude, mais aussi le soulagement et les rares joies de cette fuite aussi libératrice que dévastatrice, nécessaire que contrainte. C’est aussi le récit d’un garçon qui découvre son homosexualité en regardant Jean-Claude Van Damme, d’une mondialisation où telenovelas et Daft Punk traversent des frontières devenues mortelles pour d’autres, la confession d’un adulte rongé par une culpabilité terrible – cet essai animé marque le point de départ d’une rédemption et d’un pardon. Bouleversant, sans jamais tirer la carte du pathos fastoche : une merveille.
Flee de Jonas Poher Rasmussen, Haut et Court (1 h 23), sortie le 31 août
Image (c) Final Cut for Real