« Aftersun » de Charlotte Wells : hier encore

Narrant une relation père-fille à rebours, exhumée vingt ans plus tard grâce aux images d’un caméscope de vacances, le premier long métrage de la trentenaire écossaise Charlotte Wells fait montre d’une ampleur esthétique et émotionnelle renversante.


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Sous ses airs d’objet arty taillé pour choyer l’authenticité de certains artifices (personnages parfois absents ou à moitié sortis du champ, tremblements en vue subjective quand la gamine tient la caméra), Aftersun déborde de grâce et d’une maîtrise insolente. Le scénario rétréci au lavage, la brièveté des flash-forward et l’absence de réponse claire sur le devenir du père, la façon qu’a Charlotte Wells de filmer de manière plus classique une grande partie des séquences, comme si le caméscope du début n’était qu’une projection de l’esprit…

Malgré l’inertie des événements, soit quelques jours d’indolence aux abords d’un hôtel ensoleillé en Turquie à la fin des années 1990, la mise en scène et le récit cultivent un dynamisme indéniable. Une réussite qui tient bien sûr à la vitalité des échanges entre Sophie (Frankie Corio), 11 ans, et son jeune père, Calum, aux airs d’adulescent (Paul Mescal, repéré dans Normal People), tantôt lumineux, tantôt brisé de l’intérieur.

Mais l’éclat de ce coming-of-age movie, sa beauté intranquille, doit aussi beaucoup à son caractère inéluctable. Plus qu’un parfum de fin de vacances, Aftersun saisit l’effondrement d’un monde lié à l’enfance. C’est la matière même du souvenir qui nous fuit et nous brûle les yeux.

Aftersun de Charlotte Wells, Condor (1 h 42), sortie le 1er février

« Aftersun » de Charlotte Wells se dévoile dans un trailer mélancolique