À voir sur Arte : « Kim Novak, l’âme rebelle d’Hollywood »

Icône glamour des années 1950 et égérie des studios hollywoodiens Columbia, l’actrice dissimule derrière son image sophistiquée une conscience aigüe des rouages misogynes de l’industrie cinématographique.


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Vertigo, une mise en abyme de sa carrière   

On se souvient tous du chignon blond en forme de spirale de Kim Novak dans le cultissime Vertigo d’Alfred Hitchcock. Dans ce grand film paranoïaque, elle interprète Madeleine, maîtresse de Scottie (James Stewart) qui se suicidera mystérieusement, et que ce dernier tentera de faire revivre à travers Judy, son sosie. Judy est aussi rousse et extravagante que Madeleine était blonde et raffinée – qu’importe, Scottie fera tout pour la transformer physiquement et retrouver de façon illusoire son amour perdu. Ce rôle résonne comme une cruelle mise en abyme de la carrière de Kim Novak : les metteurs en scène l’ont souvent soumise à leurs désirs despotiques, la façonnant comme un pur objet de séduction jeté en pâture au regard masculin. Or Kim Novak n’était pas dupe de ce mécanisme d’emprise, comme le montrent de passionnants extraits et images d’archives du film, commentés par l’actrice elle-même : « Le studio a tout fait pour m’ériger en sex-symbol, mais ce n’est pas ce que j’étais au fond de moi. Je voulais dévoiler mon âme à l’écran pas ma poitrine. »  

Habilement, avec beaucoup de nuances, le documentaire tisse cette idée paradoxale : Vertigo a à la fois construit, conforté Novak dans son image iconique – aux yeux du public et des réalisateurs, elle était avant tout un physique -, mais lui a aussi permis de prendre conscience des carcans de cette beauté, de repenser sa place en tant qu’actrice.  

Le podcast de l’après-midi : « H comme Hitchcock, les années 1950 »19f1b68e 4c44 4665 9183 5d939c37aec6 sueursfroides3

Conforme mais pas soumise    

Au fil des images se dessine une Kim Novak insoumise, qui s’est intéressée au féminisme et aux moyens d’utiliser sa notoriété pour se faire entendre. On apprend ainsi qu’elle a refusé de quitter l’acteur noir Sammy Davis Jr à la demande d’Henry Cohn, patron de Columbia, au risque de nuire à son image, à une époque où une majorité d’Etats interdisent les unions interraciales. Plus tard, elle créera sa société de production – avec Marylin Monroe et Ida Lupino, elles deviennent les premières femmes à franchir le cap dans l’histoire d’Hollywood. Ponctué de vidéos et de photographies rares, le documentaire entremêle les époques pour retracer intimement le trajet rebelle de cette actrice qui était, bien plus qu’une muse, une pionnière visionnaire.  

Images (c) Paramount Pictures

Pour visionner le documentaire, cliquez ici.

Ida Lupino : une cinéaste battante dans le Hollywood des fifties