
Une comédie musicale mélancolique à la française, façon Jacques Demy, pour faire l’ouverture de Cannes ? On signe tout de suite. C’est ce que nous promet le premier long de la réalisatrice française Amélie Bonnin, qui lancera les festivités cannoises hors compétition. Partir un jour est adapté de son court-métrage éponyme (à voir sur Arte en ce moment), récompensé du César du court métrage de fiction en 2023, et raconte l’histoire douce-amère de Cécile, campée par Juliette Armanet (qui prêtait déjà toute sa poésie mélancolique à l’héroïne du court-métrage). Le jour où son père a un accident, cette dernière, qui a quitté le restaurant routier familial pour monter à la capitale pour ouvrir son propre restaurant gastronomique, doit revenir chez elle pour les aider… Un pitch qui s’éloigne du court-métrage originel, puisqu’on y suivait l’histoire de Julien (Bastien Bouillon, tout en flegme, lui aussi au casting de cette nouvelle aventure), un romancier revenu dans sa ville natale après une longue absence.
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Diplômée de la FEMIS en section scénario, après avoir fait des études de graphisme à Montréal et Paris, Amélie Bonnin est à la jonction de plusieurs disciplines : les arts visuels, l’écriture romanesque et le dessin. Cette grande admiratrice de Egon Schiele a également eu mille métiers : directrice artistique de la revue féministe La Déferlante, réalisatrice de quelques épisodes de la saison 3 de Parlement, créée par Noé Debré.
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Dans son travail, un grand lyrisme côtoie une sensibilité documentaire, un intérêt pour le réel. La jeune femme a ainsi signé, en 2012 et 2017, deux documentaires, La Mélodie du boucher et La Bande des Français, explorations sociologiques sur la jeunesse française et l’identité. Dans son court-métrage Partir un jour, on retrouvait cette hybridation entre une forme lyrique et une âpreté, une obsession du détail prosaïque. À la façon d’Alain Resnais et son film musical On connaît la chanson, la réalisatrice faisait éclore les états d’âme de ses personnages grâce aux paroles de morceaux populaires et intergénérationnels. Des épiphanies musicales qui se cognaient à un constat plus amer sur le transfuge de classe, le retour impossible à l’adolescence et les regrets amoureux.
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Celle qui a confié à Format Court être une fan des Chansons d’amour de Christophe Honoré, autant que de Starmania, cultive l’art du contre-point et du grand écart. Au cœur du romanesque, elle cherche une vérité de l’instant, des acteurs : « Le documentaire, c’est quelque chose que je continue de faire. Je crois que cela m’a appris une certaine écoute, une certaine ouverture à des choses qui adviennent et qui n’étaient pas forcément prévues. Dans le documentaire, c’est même précisément ce qui nous intéresse ! À la caméra, on cherche à ce qu’il se passe des choses qui ne sont pas anticipées, et le miracle se produit à ce moment-là. Avec la fiction, tout était assez bordé et on a suivi le scénario mais les moments qui m’ont le plus marquée, ce sont justement les moments où ça a bougé » explique-t-elle à Fomat Court. On a hâte de voir si ce Partir un jour version longue tiendra cette promesse d’équilibriste, et saura faire naître un miracle.