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Yann Gonzalez signe le film musical « Fou de Bassan » du groupe Jita Sensation
- Quentin Grosset
- 2022-01-20
Pour le clip du groupe Jita Sensation et son saxo langoureux, Yann Gonzalez s’immerge dans un lieu de cruising lesbien qu’il investit de son romantisme noir et de ses visions obsédantes.
Un Fou de Bassan, c’est un oiseau mystérieux, connu pour ses vives descentes en piqué au-dessus de l’océan. Et c’est avec la même fulgurance que Yann Gonzalez (Les Rencontres d’après-minuit, Un Couteau dans le cœur) plonge la tête la première dans les désirs et les sentiments les plus irrépressibles.
Dans l’obscurité bleutée d’une zone escarpée, il imagine la quête du plaisir de lesbiennes avides d’aventures, incarnées par les artistes queer les plus audacieuses d’aujourd’hui – la poétesse France Baise, la photographe, comédienne et performeuse Romy Alizée, l’actrice Naelle Dariya…
Yann Gonzalez, romantique en diable
Lire l'interviewDANS LE SILLAGE DU PHOTOGRAPHE ALVIN BALTROP
Comme souvent chez lui les forces d’attraction sont filmées avec une noblesse et une solennité sans pareil. Sa caméra, en immersion dans l’orgie vaporeuse, parvient à faire exister chaque personnage en quelques secondes : il lui suffit d’attraper une moue, une attitude, un regard, une langue sur un couteau. Ce qu’il y a de plus beau, c’est sa cartographie troublante de cette aire aussi désaffectée que transpirante.
Un onirisme sexuel évoquant un peu les images du photographe américain Alvin Baltrop (1948-2004), qui traînait son appareil sur les quais de l’Hudson à New York, spot de cruising gay dans les années 1970 – même manière généreuse de figurer les brèches des hangars comme des yeux ou des bouches, même mélancolie dans les étreintes appréhendées comme des rites secrets. Ce court métrage entêtant pose alors Yann Gonzalez comme le plus rêveur des arpenteurs de fantasmes.