William Kentridge : un des plus grands artistes sud-africains contemporains s’expose à Lille

Grinçante, parfois dérisoire, toujours poignante, telle est l’œuvre de William Kentridge, l’un des plus grands artistes sud-africains contemporains. Pour la première fois en France, une exposition retrace toute sa carrière. Profondément marqué par son expérience de l’apartheid, William Kentridge, né à Johannesburg en 1955, interroge l’histoire de son pays et plus largement les rapports qui


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Grinçante, parfois dérisoire, toujours poignante, telle est l’œuvre de William Kentridge, l’un des plus grands artistes sud-africains contemporains. Pour la première fois en France, une exposition retrace toute sa carrière.

Profondément marqué par son expérience de l’apartheid, William Kentridge, né à Johannesburg en 1955, interroge l’histoire de son pays et plus largement les rapports qui lient l’Europe et l’Afrique, de la colonisation d’hier aux migrations d’aujourd’hui. S’il a inventé « l’animation du pauvre », des petits films composés de photographies d’un dessin progressivement modifié, dont il a fait sa méthode-signature, c’est avant tout un artiste polyvalent, comme le démontre l’exposition du LaM – Lille Métropole Musée d’art moderne, à Villeneuve-d’Ascq.

The head and the Load Kentridge

« Untitle » (dessin pour The Head and the Load), 2018.  Photo : T. Dullaart © William Kentridge / Courtesy de l’artiste

Depuis les décors de la pièce Sophiatown (1986) jusqu’à The Mouth Is Dreaming (work in progress) (2019), le parcours balaie l’ensemble des modes d’expression de l’artiste, du plus modeste (le dessin au fusain) au plus monumental (l’installation vidéo). Le visiteur est invité à se perdre dans un espace labyrinthique qui fait alterner salles obscures et salles claires, conçues comme autant d’immersions au cœur des installations de Kentridge et de temps de pause. The Refusal of Time (2012), qui compte parmi les chefs-d’œuvre de l’exposition, nous montre des individus qui semblent happés par la course folle du temps et qui cherchent furieusement à s’en extraire, comme les personnages de The Head and the Load (2003) tentaient déjà de se défaire du joug colonial. Une musique dissonante, des images saccadées projetées sur tous les murs de la pièce, une inquiétante machine infernale : tout amène le spectateur à véritablement faire corps avec eux. On peut ensuite se reposer de cette expérience éprouvante (mais nécessaire !) dans les espaces qui font la part belle aux figures qui ont inspiré l’artiste, comme le cinéaste Georges Méliès, l’écrivain Alfred Jarry, les expressionnistes allemands ou les membres du mouvement Dada.

« William Kentridge. Un poème qui n’est pas le nôtre » jusqu’au 13 décembre au LaM (Villeneuve-d’Ascq)

 

Image de couverture : Felix in Exile (1994) extrait vidéo. © William Kentridge / Courtesy de l’artiste et Marian Goodman Gallery, New York / Paris / Londres