Rabih Mroué secoue le festival d’Automne 2024

« Politique », l’adjectif est un grand mot, mais il est peut-être celui qui définit le mieux l’ambition de ce théâtre qui se confronte à la réalité, la dissèque, la questionne par le biais d’une forme toujours joueuse et inquiète. Dans ses « conférences non académiques », Rabih Mroué s’amuse ainsi de l’esprit de sérieux, du ton professoral, en singeant les signes du vrai pour nous faire glisser dans l’ambiguïté de l’imaginaire.

Dans Who’s Afraid of Representation, c’est la question du geste artistique qui est renvoyé à lui-même par le biais du fait divers. Sa partenaire Lina Majdalanie et lui convoquent sur scène l’esprit des grandes figures du body art (Orlan, Joseph Beuys...) et la violence de leur art pour l’entremêler avec le récit d’un employé de bureau libanais qui va commettre une tuerie. Un vertige du « pour de vrai » qui interroge.

La violence du présent comme un écho de nos gestes, de nos interrogations. Ainsi, dans 33 Tours et quelques secondes, c’est la page Facebook de Diyaa Yamout, artiste militant libanais qui mit fin à ses jours en 2011, qui devient le support d’un spectacle documentaire qui interroge ce geste grave, ses conséquences, sa récupération politique. Au croisement du virtuel et de l’intime, du théâtre et de la vidéo. En point d’orgue final de cette rétrospective, A Little Bit of Moon, nouvelle création avec Anne Teresa de Keersmaeker.

Who’s Afraid of Representation, du 23 au 28 septembre, au Théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt

33 Tours et quelques secondes, du 22 au 24 novembre, au Théâtre

du Rond-Point

A Little Bit of Moon, du 16 au 20 décembre, à la Fondation Fiminco

Image : © Houssam Mcheimech