Cinéaste animé par un esprit de troupe, Bruno Podalydès trouve avec ce dixième film un dispositif qui sied joliment à sa vision fantaisiste, pince-sans-rire et légèrement désabusée de la société française. Il suit ici deux conseillers immobiliers de l’agence Wahou !, Catherine () et Oracio (Bruno Podalydès lui-même) qui enchaînent à l’aide d’un stagiaire (Victor Lefebvre) les visites de deux biens : une grande maison bourgeoise avec jardin (dont le couple de vendeurs est incarné par Sabine Azéma et Eddy Mitchell) et un petit appartement moderne situé en plein « triangle d’or » de Bougival.
Au fil des rencontres avec des acheteurs potentiels se déploient des protagonistes aux projets et aux caractères variés. On croisera un groupe d’amis (mené par ) qui rêvaient de s’installer ensemble dans une grande demeure, mais qui vont vite déchanter, un couple de jeunes gens chapeautés par un beau-père tatillon (), une épouse en quête de sensations fortes (Isabelle Candelier) entravée par un mari austère et coincé (Patrick Ligardes), un client taciturne (Denis Podalydès)…
Derrière le procédé quasi théâtral, Podalydès réussit une comédie harmonieuse sur le besoin viscéral d’attachement et d’amour. Le réalisateur, désormais sexagénaire, se rapproche ainsi plus que jamais de l’ultime période cinématographique d’, modèle absolu avec qui il avait travaillé plusieurs fois. Au-delà du tandem Sabine Azéma-Agnès Jaoui (qui rappelle On connaît la chanson) ou de la boucle narrative et champêtre qui évoque Smoking/No Smoking, ce traité sur la manière dont le passage du temps affecte les sentiments et les rapports sociaux sonne comme un vibrant hommage au réalisateur de Cœurs. Et c’est au manque affectif des agents immobiliers eux-mêmes que ce tendre film s’intéresse en dernier lieu.
Wahou ! de Bruno Podalydès, UGC, sortie le 7 juin