Vu au Festival du court métrage de Clermont Ferrand : 3 courts d’animation fulgurants

Le Festival du court métrage de Clermont-Ferrand est aussi un laboratoire défricheur de jeunes cinéastes dans le secteur de l’animation. Focus sur trois films qui nous ont touchés par leur sensibilité autant que par leur faculté à proposer de nouvelles formes.


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Écorchée de Joachim Hérissé

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Tout en poésie et en onirisme morbide, le court métrage en stop motion de Joachim Hérissé trouble et subjugue par sa manière de rendre la chair à travers des matières textiles fibreuses. Près d’un marécage vaseux, on y suit deux sœurs siamoises, l’Écorchée et la Bouffie, liée par une même jambe. L’Écorchée se met à faire des cauchemars de corps en morceaux, les membres de sa sœur venant un à un se greffer à elle. Avec un certain lyrisme, jouant de couleurs sales ou délavées, tirant vers le rouge, l’ocre, ou le beige, Hérissé fait surgir des images de nos angoisses liées au corps, au sang, à la décomposition, à la pourriture. Son style patchwork grouillant tend à un art du rapiéçage qui lui autorise toutes les transformations anatomiques.

Vu au festival de Clermont-Ferrand : « Almost A Kiss » de Camille Degeye

Go Fishboy de Denise Cirone, Sebastian Doringer, Audrey Kolesov, Chiyayu Liu, Zhen Tian, et Lan Zhou

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Un chef dont la famille excelle depuis des générations dans l’art du sushi tente d’enseigner les bases du métier à son jeune fils. Mais celui-ci, affecté par la vision des poissons gisant morts sur les étals du marché, semble absorber toute leur souffrance. Un jour, il dit à son père qu’il est lui-même poisson… Les cinéastes semblent aussi décidés que le jeune héros à marquer son désir d’absolu. Avec une narration élancée, un dessin qui fuse autant qu’il reflète l’innocence de l’enfant, ils accompagnent celui-ci vers la mer, aussi fier.e.s et bienveillant.e.s envers lui que touché.e.s par la mélancolie laissée par son départ.

Vu au festival de Clermont-Ferrand : « S’il-vous-plaît arrêtez tous de disparaître »

El After Del Mundo (L’After du Monde) de Florentina Gonzalez

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Il y a peu de films post-apocalyptiques aussi réjouissants que celui-là. Il l’est d’abord pour l’œil : dans ce monde sans humanité, le paysage est fluo, surréaliste, on l’explore dans un état d’étonnement constant, comme on partirait en aventure. Il l’est ensuite parce qu’il raconte l’histoire d’amitié touchante entre deux fantômes sans visage et en jogging, Fluor et Carlix. Le premier ramasse des vieux mégots et cherche une connexion wi-fi. Lorsqu’il rencontre l’autre, il l’aide à reconstituer les os d’un squelette de baleine. Florentina Gonzalez envisage la fin du monde comme un jeu de reconstruction, et ça aussi, c’est enthousiasmant.

« Le Roi David », Grand prix à Clermont-Ferrand