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« Vice-Versa 2 » de Kelsey Mann : l’âge de déraison

  • Justine Carbon
  • 2024-06-17

[CRITIQUE] Riley et sa bande d’émotions sont de retour dans cette suite signée Kelsey Mann, scénariste et membre de l’équipe artistique d’« En avant » (2020) et « Le Voyage d’Arlo » (2015) du studio Pixar. Lorsque la préadolescence sonne à la porte, c’est tout le monde intérieur de Riley qui s’en trouve perturbé. Un choc intime parfaitement traduit par des dialogues au cordeau et un regard émouvant sur la maturité.

Tout semble paisible au Quartier général : Joie dirige le centre de contrôle d’une main de maître et est toujours bien entourée de Colère, Peur, Dégoût et Tristesse. Mais la bande est loin de se douter qu’une nouvelle épreuve les attend et pas des moindres : la préadolescence.

La préadolescence provoque alors l’arrivée de nouvelles émotions : Ennui, doublée en VO comme en VF par la géniale Adèle Exarchopoulos, qui parvient, avec sa monotonie bilingue, à rendre ce personnage exquis ; Embarras qui, par une gestuelle proche du slapstick, traduit parfaitement la gêne typique de cette tranche d’âge ; Envie, une petite émotion chargée d’un immense besoin maladif de copier et posséder ce que tout le monde a ; et enfin Anxiété, qui va malencontreusement faire sombrer la jeune Riley dans une série d’erreurs… 

Auprès du Time, Pete Docter - réalisateur du premier Vice-Versa - précisait les difficultés rencontrées pour écrire des sequels. Qu’il se rassure ! Avec Vice-Versa 2, la crise existentielle rencontrée par les préadolescents est intelligemment mise en scène, notamment par l’apport de personnages.

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Riley est confrontée à ses nouvelles émotions, qui rajoutent des couches d’aspérités à sa personnalité. C’est d'ailleurs l’un des sujets du film : la distinction entre des émotions qualifiées de primaires et d’autres jugées plus complexes. Anxiété s'érige en nouvelle cheffe, parce qu’elle permettrait à Riley d’obtenir ce dont elle a besoin et non ce qu’elle souhaite, mission jusqu’alors confiée à Joie.

S'insère alors dans le film une double crise existentielle. Si la jeune Riley doit, pour son apprentissage, commettre une série d’erreurs, Joie est elle-même poussée dans ses retranchements. En effet, en privilégiant le bonheur absolu de la jeune fille, Joie a fragilisé sa construction qui doit à la fois se baser sur ses réussites et ses échecs.

Avec Vice-Versa 2, Pixar confirme son savoir-faire artistique, en particulier dans une séquence mélangeant les styles d’animation et qui réalise un pied de nez réjouissant envers Dora l’exploratrice. Mais surtout, le studio réaffirme sa capacité à s’adresser aux enfants sans laisser de côté les plus âgés, qui sont soumis à un état des lieux pertinent sur la construction de l’identité. 

Image : © 2023 Disney/Pixar. All Rights Reserved.

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